L'exode rural au Sénégal
C'est une réalité bien relative au Sénégal. En effet, comparé aux pays d'Amérique du Sud ou même d'Afrique équatoriale, le taux d'urbanisation assez faible (47,12% en 2018 contre plus de 70% dans les pays développés et en Amérique latine) montre que le Sénégalais reste attaché à la campagne d'où il tire des revenus suffisants. Le relatif investissement du gouvernement depuis quelques années dans les infrastructures sanitaires et les services (eau, électricité, téléphone, poste ....) a but objectif d'inverser la tendance. Mais ceux qui partent à la ville sont les forces vives du pays : jeunes étudiants et lycéens doivent aller dans les grandes villes pour étudier. Ils y restent souvent après. La pauvreté touche principalement les zones rurales avec des pics dans le sud où le taux de pauvreté (revenus inférieurs à 600FCFA par personne) dépasse 60% dans toutes les provinces (62% dans la région de Tambacounda, 76% dans la région de Kolda, 71% dans la région de Kédougou, etc...) alors que ce taux est d'environ 26% dans la région de Dakar.
Photo : le petit village peulh d'Ibel (près de Kédougou) fait partie des victime de l'exode rural
En effet, les écoles rurales sont nombreuses (7500 sur le territoire dont 5500 en zones rurales) mais si les collèges sont également courants (moins de 600 dont 250 en zones rurales), les lycées eux sont plus rares (182 dont seulement 30 en zones rurales). Les classes post-bac ne sont qu'urbaines : trois universités, Saint-Louis, Ziguinchor et Dakar, et quelques classes post-bac privées de plus ou moins bonne qualité dans une dizaine de villes. L'effort de l'état dans ce domaine est cependant important : entre 1998 et 2004, 30 lycées et 163 collèges ont été construits au Sénégal. Mais en 2015 seuls établissements secondaires ont été construits dans le pays.
Malgré cet exode des jeunes, il est néanmoins très rare de voir des villages abandonnés ou vidés de leur population. L'explosion démographique des villes sénégalaises (4200hab/km2 à Dakar) n'a pas donc vidé l'immense vivier humain des campagnes malgré des régions très peu peuplées (moins de 10hab/km2 au Sénégal oriental). Aujourd'hui, la région la plus touchée par l'exode rural est très sûrement la Casamance dont les villageois ont quitté la campagne pour fuir les exactions des militaires sénégalais et des indépendantistes. Aujourd'hui près de 25% des Sénégalais habitent dans Dakar et sa banlieue. L'agglomération voit sa population augmenter chaque année de 125.000 habitants et une partie non négligeable de ce solde démographique vient de l'exode rural. Alors que la densité démographique du Sénégal (2017) est de 82 hab/km², Dakar compte près de 5000 habitants au km².
Malgré tout, un certain nombre de «campagnards» ont dû s'installer en ville ces dernières années. Beaucoup ont commencé à fuir au cours des grandes sécheresses des années 80. Mais durant les premiers jours de l'hivernage, ils retournent dans leur grande majorité aider la famille dans les champs. Chaque sinistre agricole voit cependant partir des milliers de ruraux vers la ville : les criquets pélerins en 2004, les pluies de janvier 2002, la sécheresse 2003, etc.... sont autant de crises qui décident les paysans à partir.
Voir la
page sur l'architecture traditionnelle au Sénégal.
Voir
les chiffres de l'éducation au Sénégal
(2005) : nombre d'établissements, d'élèves
et d'enseignants par ville