LES CINQ PILIERS DE L'ATAYA
Il y aurait tant de choses à
dire sur l'ataya ! Peut-on résumer ce mot à
une traduction sénégalaise de thé
quand on connait tout le cérémonial qui
accompagne sa préparation et tout l'aspect social
qu'il représente ?
Voir
aussi la page sur les "coins" du Sénégal
QUI LE PREPARE ? : Les jeunes ! Toujours les jeunes. Il est en effet rarissime de voir un père de famille préparer du thé. Beaucoup de "vieux" méprisent d'ailleurs l'ataya dans lequel ils voient le désoeuvrement ou la fénéantise d'une jeunesse qui ne trouve rien de mieux à faire.... L'ataya étant une activité de groupe, il n'est pas rare que plusieurs participent à tour de rôle à sa préparation. De plus, ce ne sont pas forcément les habitants de la maison qui mettent la main à la pâte. Les invités sont souvent sollicités. Concernant le sexe du "préparateur", il est la plupart du temps masculin bien qu'occasionnellement une fille prenne l'initiative de participer.
Pour en savoir plus : La chanson
"Ataya", du groupe sénégalais
Positive Black Soul (PBS) explique tout de A à
Z concernant ce fait de société qu'est
l'ataya ! A écouter pour mieux comprendre (les
paroles sont en Français).
Photo à gauche : une "séance" d'ataya à Dakar (photo. C. Pinero)
QUI LE FINANCE ? : En général tous ceux qui sont présents
avant la préparation ou tous les habitués
participent financièrement à l'achat des
différents ingrédients de l'ataya : le
thé Saddam, le charbon du fourneau, le sucre
et la menthe (nana). Le prix de toute une apès-midi
d'ataya pour cinq ou six personnes dépasse rarement
les 500 à 1000CFA (0,75€ à 1,5€).
La participation de chacun est donc assez faible. Les
plus désargentés ne payeront pas obligatoirement.
QUI LE BOIT ? : Si sa préparation et son financement ne font pas l'unanimité on s'aperçoit que sa dégustation est beaucoup plus partagée! Femmes, hommes, vieux et jeunes apprécient dans leur grande majorité l'ataya. Les plus âgés, les maîtres et maîtresse de maisons ne font jamais partie de l'attroupement réuni autour du fourneau et ils se voient apporter leur verre de thé par un des jeunes participants. Les invités ou les amis de passage se voient eux aussi offrir de partager le breuvage quitte à partager un verre à plusieurs. Les "gosses" n'ont pas droit à cette insigne honneur avant d'avoir trois poils sur le menton.
QUELS
SONT SES EFFETS ? : Certains habitués
se disent "accro" à l'ataya. Il est
vrai que cette préparation à base de thé
est très concentrée en caféine
et qu'à ce titre elle peut engendrer des dépendances.
On entend fréquemment dire par des vieux que
sans noix de cola et sans verre de thé leur vue
n'est pas bonne. La consommation d'ataya à longueur
de journée n'est néanmoins pas sans conséquence
sur la santé. Tout d'abord au niveau des dents.
On reconnaît vite un "drogué"
du thé sénégalais grâce à
ses dents d'un marron tâché presque parfait.
Même le Denivit a du mal à venir à
bout de ces très digracieuses attaques dentaires.
C'est particulièrement inquiétant chez
des heunes de 20 ans qui déjà sont touchés.
Attention : la "dentition ataya" ne doit pas
être confondue avec la dentition de Kaolack dite
"dents d'or" depuis un trait d'humour d'un
ministre sénégalais (les Kaolackois ont
des dents marrons en raison de la concentration élevée
de minéraux dans l'eau de la région).
Le deuxième risque est plus grave : les palpitations
cardiaques chez les sujets âgés les plus
consommateurs.
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CAUSE
OU RESULTAT DU CHÔMAGE ? : L'ataya est
sans doute l'activité (ou l'inactivité)
la plus controversée du pays. Pas un jour ne
passe sans qu'un homme politique ne dénonce cette
jeunesse qui passe son temps autour de la théière.
Ceux qui travaillent dur se glorifient d'ailleurs de
ne pas faire partie de ce qu'ils considèrent
comme une peuplade inactive. Le phénomène
de l'ataya est finalement assez récent au Sénégal.
Il y a une quinzaine d'années (avant la fameuse
dévaluation du franc CFA vous diront certains)
il était rare de voir un attroupement atayesque.
Aujourd'hui l'ensemble du pays est touché par
ce que certains considèrent comme un fléau.
Des containers entiers de thé importé
(de marque Saddam pour la plus grande partie) sortent
quotidiennement du port de Dakar. Mais il semblerait
que contrairement aux dires des plus irrités,
l'ataya soit plus le résultat du chômage
et d'une société urbaine en déliquescence
que la cause de ces mêmes problèmes. L'explosion
urbaine y est pour beaucoup. En effet, dans les zones
rurales, un jeune trouve toujours de quoi s'occuper
: en dehors de l'école et des travaux champêtres,
les ados aiment à s'en aller en brousse avec
leurs chiens pour faire une partie de chasse. Initiations,
fêtes traditionnelles ou activités manuelles
meublent à peu de frais le quotidien de cette
jeunesse. En ville le problème est tout autre
: en dehors de l'école (si peu fréquentée
dans les quartiers les plus défavorisés)
toute activité est synonyme de grosse dépense
: cinéma, night-club et autres loisirs sont hors
de portée de l'immense majorité des adolescents
urbains sénégalais. L'ataya devient donc
le seul moyen de meubler les longues après-midi
en ville tout en générant un lieu de rencontre
entre amis.
Photo : Un verre d'ataya, à Dakar, pendant la réalisation d'une des pages de votre site internet préféré !!!!
Vos contributions et commentaires sur le contenu de cette page
bonjour, j'ai besoin d'un peu d'aide: je suis allé au sénégal recemment et j'ai adoré le thé et la cérémonie qui va avec. Du coup j'aimerai pouvoir en refaire chez moi en france... J'ai cherché partout sur le net pour une theiere et des verres, sans succes. Vous connaissez un endroit ou je peux trouver ca? merci thomas
Bonjour, J'ai un groupe de musique dont le nom est ATAYA, en relation avec la philosophie de ce mouvement social... Je souhaite me rendre au Sénégal pour y jouer, mais je n'ai pas de contact là -bas. Les intéressés peuvent écouter ATAYA sur : http://www.zicmeup.com/groupe/ATAYA/ Musicalement vôtre !
Bonjour Je suis de Belgique et je cherche un telephone ou un contact pour le Kid's Club Fabiola à Dakar. Si vous avez une info merci de me la donner à lvi.alain@gmail.com - amicalement