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Mangues vertes : �tals de tous les dangers 


Article de Mariama Sylla extrait du Quotidien "le Soleil"

Dakar est aux couleurs d'un vert douteux. Le p�ril vert, on le doit � l'invasion des rues et �tals de la capitale par la mangue. S'y ajoute l'irruption des “ maad” (fruit sauvage). Ce filon donne des id�es � certains car les �tals d�bordent de mangues, le plus souvent pas m�res. Mais, il y a la maturation artificielle, faite au moyen de proc�d�s chimiques sommaires. Le danger gronde. Au march� “Syndicat” de Pikine, la “centrale thermique” des fruits du S�n�gal, les camions d�barquent, � longueur de journ�e, des sacs, des paniers de mangues et de “maad”.

Les deux fruits, d'apr�s certains commer�ants, ont commenc� � m�rir � K�dougou, en Guin�e-Bissau et m�me � Thi�s. Pour ces grossistes, ils n'ont jamais utilis� aucun proc�d� chimique pour faire m�rir les mangues. Pourtant, Sadio Diallo, l'un d'entre ces vendeurs qui se veut honn�te, a reconnu avoir utilis� du carbure ou de sacs enveloppant bien la marchandise, pour acc�l�rer le processus de maturation. “Je suis dans ce march�, depuis treize ans. Et je sais que, ce qu'on appelle commun�ment le “gaz”, n'a pas cess� d'exister. C'est m�me devenu monnaie courante”, confie-t-il.

D'ailleurs, pour lui, ce sont ces proc�d�s qui font la diff�rence entre les prix appliqu�s et la saveur des mangues. Mais, les commer�ants ont tous le m�me probl�me : ils ne peuvent pas transporter vers Dakar ou les r�gions des fruits d�j� m�rs. “Si tel est le cas, notre marchandise sera bonne pour la poubelle car tout va pourrir. On ach�te les fruits arriv�s � maturation et ils m�rissent pendant le trajet, avant le d�barquement � Dakar”, explique Moussa B�, vendeur au march� Syndicat, depuis 13 ans.

“Toolu Golo du n�r” ou le singe ne laissera jamais son verger arriver � maturit�, dit l'adage wolof. C'est pourquoi les vergers sont “d�vast�s” avant les saisons normales et les oranges, past�ques et autres fruits inondent les �tals hors saison.

Ainsi les mangues quittent-elles diff�rents endroits : Guin�e-Bissau, K�dougou, Ziguinchor en premier lieu, et, ensuite, les Niayes, place forte du commerce des mangues vertes.

“Les mangues, au d�but avril, nous viennent de la Guin�e et de Kolda ; vers fin, avril de K�dougou, et en mai de la Casamance (Ziguinchor, Bignona). Ensuite, c'est au tour des vergers des Niayes de livrer leur production”, confie Baye Laye Ndiaye qui se d�m�ne pour trier les “maad” pourris. “Ces maad sont g�t�s parce que j'�tais au Magal de Touba et, entre-temps, la toile qui avait recouvert les fruits a acc�l�r� leur maturation plus qu'il ne fallait”.

C'est donc un march� Syndicat rempli de mangues vertes et m�res que prennent d'assaut les femmes “d�taillantes”, pour faire leurs provisions. Des femmes qui ont des �tals partout. En ville, sur l'avenue William Ponty, elles �pluchent, coupent les mangues en tranches et les vendent � 50 F CFA le sachet. “Le commerce des mangues est porteur car les femmes, surtout, en raffolent”, explique cette vendeuse. A la question de savoir si elles ne vendent que des mangues vertes, elles r�pondent en ch�ur : “non !”. Mais, du fond de leurs paniers, l'on entrevoit des vertes et pas m�res du tout.

Les bonnes dames ne veulent nullement donner leur nom, car elles n'ont pas encore oubli� les amendes que le service d'hygi�ne leur avait impos�es, il y a juste deux � trois ans.

Aux portes des �tablissements scolaires, la mar�e verte guette les �l�ves. “Du sel avec du piment, vous en voulez ?”, propose cette vendeuse du lyc�e Thierno Seydou Nourou Tall. “Oui !”, r�pond la jeune lyc�enne qui salive d�j�, � la vue des mangues. “J'adore les mangues, les vertes surtout !”, s'exclame-t-elle.

NETTE AMELIORATION DANS LES ECOLES PRIMAIRES

Mais, si les mangues vertes continuent d'inonder les rues de la ville, les �coles primaires n'en font pas partie, en r�alit�. Les directeurs de ces �tablissements sont cat�goriques sur la question. “Pas de mangues du tout, devant les �coles. C'est une interdiction formelle. La vendeuse qui ne la respecte pas sera chass�e. Un point, c'est tout”, mart�le M. Ndiaye, directeur de l'�cole primaire Ouagou Niayes III. Devant l'�cole, les vendeuses proposent tranquillement des glaces, du pain, des fruits m�rs, mais pas de mangues.

C'est le cas � l'�cole primaire Point E I et m�me au CEM Ch�rif Mouhamadou Tijani de Pikine. Dans ce coll�ge situ� en banlieue, le Principal veille scrupuleusement sur la nature des produits vendus. “Je fais des pieds et des mains pour qu'on ne vende pas de mangues vertes dans l'�tablissement”, assure M. Diop, surveillant g�n�ral.

Au-del� de l'�cole, les populations sont mieux �duqu�es et plus sensibilis�es des dangers que comporte la consommation de mangues vertes. Une r�elle am�lioration est sentie avec une nette baisse de l'utilisation du carbure de calcium. “On ferme juste les paniers et les mangues m�rissent deux � trois jours apr�s. Donc, on n'a pas besoin d'utiliser des proc�d�s chimiques pour les faire m�rir”, explique Cheikh Diouf, commer�ant.

SERVICE D'HYGIENE - LE COMBAT A PORTE SES FRUITS

Au Service d'Hygi�ne, la guerre contre “l'invasion verte” a port� ses fruits. Il y a eu, cette ann�e, moins de saisies de camions de mangues vertes, moins de barrages sanitaires et, surtout, pour les responsables, une prise de conscience des populations sur les r�els dangers que comporte la consommation de ces produits. Le capitaine Mboup, chef du Service d'Hygi�ne de Dakar, se f�licite de la bonne tournure de leur politique de suppression du circuit des ventes de fruits amers qui donnent la colique. “Il y a moins de quantit�s saisies maintenant ; en plus les populations sont mieux sensibilis�es et savent que la consommation des mangues vertes est dangereuse. Seulement, quelques r�sistances sont not�es dans les r�gions. Sinon, il y a une nette am�lioration � Dakar o� nos brigades ne sont plus oblig�es d'arr�ter les fautifs et de donner des amendes, � tout bout de champ”, explique-t-il.

Combattants de la propret�, de l'assainissement et de l'environnement, les agents du Service d'Hygi�ne disposent de 10 brigades r�gionales, en plus de celles bas�es dans les d�partements. Ils r�it�rent leur mission, consistant � appliquer strictement le code de l'hygi�ne. Ce code qui stipule, dans son article 41, que “les fruits et l�gumes doivent avoir atteint un degr� de d�veloppement et de maturit� naturelle, et les produits alt�r�s doivent �tre �limin�s de la vente. La vente de ces produits, notamment des mangues vertes ou des fruits trait�s au carbure de calcium, est rigoureusement interdite”.

Les marchands pris en flagrant d�lit sont passibles “d'une amende de 9000 � 18000 F CFA et d'un emprisonnement de 5 � 8 jours ou de l'une de ces peines”. Un lourd tribut que refusent de payer les vendeuses qui ont de faibles revenus. “Les amendes, c'est bien, mais ceux qui les payent sont vraiment rares”, et l'emprisonnement l'est encore davantage.

Contr�ler la fili�re des mangues est encore une mission plus difficile, car le circuit est long et p�rilleux. “La zone des Niayes est le principal endroit d'o� proviennent les mangues vertes. Sinon la fili�re d�bute en Guin�e, en passant par Kolda pour descendre sur Kaolack. Puis, le produit continue vers Pout et les restes viennent � Dakar. Cela veut dire que si la marchandise est �coul�e dans ces r�gions, Dakar ne re�oit pas de mangues”. Il explique que la r�colte nationale est en train d'�tre r�cup�r�e. Une r�colte qui tourne plus ou moins autour de 73.743 tonnes, toutes vari�t�s confondues. Actuellement, les S�n�galais d�gustent des mangues jusqu'au mois de septembre, gr�ce aux nouvelles techniques de “greffage” destin�es � am�liorer la qualit� et la rentabilit� du fruit. Le capitaine Mboup, pour sa part, confirme que l'information, l'�ducation, la sensibilisation ont fait leur effet au sein de la population qui, malgr� quelques �carts, tente de vendre et de consommer des fruits m�rs.

Dr DJIMATHIE COLY (GASTRO-ENTEROLOGUE) - Risque grave de colique et d'intoxication

Les m�decins sont unanimes sur ce point : les mangues vertes sont dangereuses. Elles nuisent � la sant�. Le docteur Djimathie Coly, gastro-ent�rologue, confie que la consommation de mangues vertes donne la colique. “La colique, mais aussi des douleurs de l'estomac, des troubles digestifs, des vomissements, car le fruit vert contient de l'acide”. A son avis, il faut �viter de consommer un tel fruit car, de tels �tats peuvent conduire � la d�shydratation et � l'intoxication alimentaire.

Ce “p�ril vert”, qui revient chaque ann�e, devient plus grave quand on utilise le carbure de calcium qui est un produit � base de souffre qui engendre l'intoxication. Des risques neurologiques sont aussi � prendre en compte. Par ailleurs, les effets de la consommation des mangues vertes visent le foie ; et le vinaigre, de par son acidit�, peut provoquer des l�sions gastriques. Il faut donc surveiller les enfants, mais aussi faire des descentes sur le terrain pour v�rifier si des produits toxiques ne sont pas utilis�s.

MARIAMA SYLLA


Vos contributions et commentaires sur le contenu de cette page

  • par antoniata 3 votes   

    Grand merci pour toutes ces infos trés interressantes et utiles. Je suis trés étonnées d'apprendre que les mangues vertes sont dangeureuses d'autant plus que il y a deux jours, j'ai relevé sur le mème site, une recette de mangues vertes! Alors ??? Cordialement