Délinquance au Sénégal
Le Sénégal est un des pays d'Afrique qui a le plus faible taux de délinquance violente. Même à Dakar, elle est assez faible pour passer inaperçue aux yeux de l'étranger de passage. Elle est néanmoins en constante hausse. Les vols, arnaques et cambriolages sont quant à eux un fléau généralisé qui augmente de manière exponentielle. Le Sénégal est en passe de battre le champion du monde zaïrois dans la discipline. Les agressions lors de vols à la tire sont encore rares mais les braquages armés se succèdent dans le tout le pays. On entend de plus en plus de faits divers alarmants tels que des vols à main armée ou des meurtres crapuleux.
A vrai dire, le pire des quartiers sénégalais ne vaut pas, question insécurité, le plus tranquille des quartiers de Seine-Saint-Denis. Mais la plupart des Dakarois sont originaires de villages ruraux où rien ne se passe. La vie urbaine leur fait donc assez peur pour essayer de vous communiquer cette phobie de l'agression. La superstition en empêche aussi certains de sortir seuls au crépuscule. Donc, sans tenter le diable, quiconque peut se balader à n'importe quelle heure dans tout quartier de la capitale. C'est d'autant plus vrai si vous êtes en groupe. Bien-sûr, il existe quand-même une grande délinquance symbolisée ces dernières années par des gangsters célèbres tels que Ino et sa bande. Un certain nombre des plus violents sont des réfugiés anglophones sans foi ni loi. Les prisons sénégalaises sont ainsi pleines de Gambiens, de Sierra-Léonnais, de Libériens, de Ghanéens et de Nigérians.
Si les agresseurs sont finalement assez rares, excepté dans la capitale, les pickpockets et les petits arnaqueurs pullulent par contre à Dakar, à Mbour et dans une moindre mesure dans les autres grandes villes sénégalaises. Il est impossible de les éviter et la seule parade est d'être plus malin qu'eux (ce qui n'est pas difficile) en les prenant à leur propre jeu. Le marché de la sécurité est juteux au Sénégal. Dans certains quartiers résidentiels, toutes les maisons ont un gardien de jour et de nuit pour surveiller la maison car le nombre de vols à domicile est hallucinant ! Tout est bon à voler, même l'antenne sur le toit.
Photo à droite : deux voleurs arrêtés par les habitants dans le quartier de Nord-Foire (Dakar) le 1er mai 2012. Après un tabassage en règle ils ont été accrochés à un poteau avec du fil de fer. Souvent dénudés il arrive parfois que les organes génitaux des voleurs soient abimés.
De grandes sociétés de sécurité comme la Sagam ont ainsi fait fortune sur le dos de l'insécurité des foyers. Les moins fortunés qui ne peuvent pas se payer de gardien sont donc obligés de gérer eux-mêmes la défense de leurs maigres biens. Car comme toujours, ce sont les plus pauvres qui pâtissent le plus de la délinquance. Dans certains quartiers de Pikine, des milices de surveillance populaire ont donc été créées par les habitants qui se relaient à tour de rôle la nuit pour surveiller les rues ou se cotisent pour payer un gardien. Car au Sénégal, grâce à Dieu, il n'y a pas même un socialiste pour défendre d'indéfendable délinquant qui passe sa vie à voler ou agresser ses concitoyens. Au Sénégal, quand un voleur ou un agresseur tombe entre les mains de la population, il n'a qu'à prier pour que la police arrive rapidement. Sinon, c'est la mort ou en tous cas le tabassage en règle et un peu de torture. C'est d'ailleurs la moindre des choses quand une personne est prise en flagrant délit car la paranoïa s'empare des habitants dans la ville à cause de cette délinquance. Plus personne ne fait confiance à son voisin. Les journaux regorgent d'ailleurs d'articles relatant des vols entre voisins ou entre membres d'une même famille. Les Sénégalais tentent donc par divers moyens de décourager ces actes de délinquance. Un voleur ayant été attrapé par les habitants dans le quartier ziguinchorois de Colobane a été ligoté à un arbre deux ou trois jours et chacun venait lui donner un petit coup de lame de rasoir avant de lui mettre un petit piment dans la plaie. Il évitera sans doute le quartier pour ses éventuels prochains méfaits. Ce type de sanction populaire est quotidien car les Sénégalais préfèrent sanctionner les voleurs avant que la justice ne le fasse.
Les délinquants masculins qui peuplent les prisons sénégalaises sont répartis en plusieurs groupes. Les crimes reliés aux stupéfiants sont nombreux. Le trafic de drogue explose au Sénégal. Si la plupart des condamnations ne concernent que la vente de yamba (cannabis), le nombre de traficants d'héroïne et de cocaïne a connu une croissance exponentielle sous le règne du président Abdoulaye Wade. Le nombre de Sénégalais incarcérés pour viols, agressions, pédophilie ou homosexualité tend également à s'accroître. Les détenus pour vol, escroquerie, abus de confiance ou détournement de fonds constituent quant à eux un bon tiers de la population carcérale.
Photo à droite : un voleur de bétail tué à la machette par sa victime près de Kolda en janvier 2012 . Des doigts ont été sectionnés et de crâne a été défoncé. Les organes génitaux sont restés intacts.
Il faut savoir cependant qu'une grande partie (trop grande) des détenus au Sénégal ne sont que des prévenus en détention préventive et donc non coupables jusqu'à leur jugement. Aucune indemnisation n'étant prévue en cas de relaxe, les détentions arbitraires sont encore plus insupportables. La célèbre prison de Reubeuss en centre-ville de Dakar est ainsi la plus peuplée du Sénégal alors qu'il ne s'agit que d'une maison d'arrêt.
Quant aux femmes, une petite partie est incarcérée pour voies de faits (la Sénégalaise est bagarreuse et lorsque deux mamans se filent une trempe dans la rue, tout le quartier accourt pour assister au spectacle). Les agressions entre co-épouses sont très nombreuses et le nombre de femmes embastillées pour avoir balancé une marmite d'eau bouillante à la tête de la dernière femme de leur mari augmente un peu plus chaque année. La majorité des détenues sénégalaises, pour la plupart très jeunes, le sont pour infanticide. En effet, un nombre inquiétant de jeunes filles "enceintées" hors mariage préfèrent donner la mort à leur nouveau-né plutôt que de subir la honte au village... En 2012 environ 200 femmes sont emprisonnées au Sénégal. Environ 30% pour infanticide, 18% pour vol, 20% pour prostitution sans carnet sanitaire, 18% pour trafic de drogue et 6% pour coups et blessures volontaires.
Aucune nouvelle prison n'a été construite au Sénégal depuis des dizaines d'années et face à l'accroissement du nombre de détenus la solution envisagée est l'empilement de prisonniers. Alors que fin 2011 près de 6700 personnes étaient détenues au Sénégal, le budget de l'administration pénitentiaire tournait autour de 500FCFA (0.75€) par jour et par détenu. On imagine les conditions de détention sordides qui se soldent par des décès par maladie beaucoup trop nombreux.
Site internet de l'association Cibiti ("dehors") qui oeuvre dans l'amélioration des conditions de détention
Voir aussi l'article du Soleil dans la bulletin 12 sur
les "gangs" de Pikine