Comment vivent les Sénégalais ?
Archives - Par Cheikh Thiam - Lundi 16 juin 1998
En matière d'habitat et d'équipements, comment
vivent les Sénégalais ? Quel est le profil de leur cadre
environnemental immédiat ? L'enquête sénégalaise
auprès des ménages réalisée parla Direction et la Prévision
et de la Statistique a tenté de répondre à ces questions,
en étudiant de manière approfondie leur niveau et mode
de vie. L'analyse de leurs conditions de vie, du
confort de leur logement, des équipements domestiques
dont ils disposent a permis de camper les différents
profils de la famille sénégalaise. Le type de logement,
le statut d'occupation (propriétaire ou locataire),
le nombre de pièces des habitations, les éléments de
confort comme le téléphone, la voiture, l'électricité,
l'eau courante, etc, ont été passés au peigne fin.Tendances
: Réalisme Confort : des ménages mieux lotis, mais...fortes
dépenses alimentaires
Tendances : Réalisme
Les princes de l'ostentation continueront pour
longtemps encore à défier le bon sens, mais les Sénégalais
sont de moins en moins nombreux à les prendre pour modèles,
parce qu'ayant convenablement assimilé les leçons
de la crise des années quatre-vingt et celles de l'après-dévaluation.
Plus réalistes que naguère, ils ont plutôt tendance
à investir dans des valeurs sûres, à dépenser juste.Ce
revirement trouve une assez nette illustration dans
la forte augmentation des constructions en dur, aussi
bien dans les villes qu'en milieu rural. Et si
les cases et les baraques tendent à leur céder la place,
c'est que tout un chacun est convaincu qu'une
maison bien à soi est un placement qui libère du diktat
des spéculateurs fonciers et immobiliers, peut donner
des opportunités de rente, et surtout sécurise durablement
une famille, dans un cadre que l'on cherche à rendre
le plus confortable et agréable possible.Par le biais
de l'auto construction évolutive, et des programmes
immobiliers dans une bien moindre mesure, près de la
moitié des ménages sénégalais sont aujourd'hui
propriétaires de leur demeure. L'autre moitié n'est
toutefois pas près de sortir de l'auberge.Le réalisme
sénégalais se mesure également à la taille des ménages
qui tendent à se contenir dans des limites raisonnables.
Ce n'est pas seulement le planning familial qui
explique cela. Les familles urbaines se restreignent
de plus en plus à leur noyau de base, pour limiter leurs
charges et s'offrir des commodités et conditions
de vie compatibles avec leur niveau de revenu. La solidarité
avec la famille élargie en prend bien évidemment un
sacré coup, quoiqu'elle devrait pouvoir s'organiser
autrement.Mais le réalisme ne résout pas tous les problèmes.
Les Sénégalais ont en effet beau s'ajuster à la
conjoncture, serrer la ceinture, chercher à mieux orienter
leurs dépenses et gérer leurs charges, leurs ressources
leur permettent difficilement de joindre les deux bouts.
Comment pourrait-il en être autrement avec un revenu
moyen per capita qui ne dépasse pas un dollar par jour
? A quelques rares exceptions près, les charges incompressibles
des salariés sont largement supérieures à leurs gains,
ce qui réduit très fortement leurs possibilités d'épargne.
On comprend pourquoi la plupart s'adonnent à des
activités parallèles pour quelques expédients. Les difficultés
sont encore plus aiguës dans le monde rural, et plus
particulièrement dans les zones où la production agricole
est tributaire d'une pluviométrie on ne peut plus
capricieuse. L'informel a ses hauts, mais également
beaucoup de mauvaises passes du fait de son engorgement
et de ses aléas. Aussi est-il normal que la demande
sociale s'exprime avec insistance pour l'augmentation
des salaires pratiquement bloqués depuis la dévaluation
du franc CFA, la baisse de la fiscalité directe, et
la répercussion de la réduction générale des droits
de porte sur les prix pratiqués sur le marché local.
Il est sans doute vrai que les acquis engrangés depuis
le changement de parité du franc CFA sont encore fragiles,
et qu'il faut laisser mûrir ce blé, plutôt que
de le consommer en herbe. Toujours est-il que l'amélioration,
par quelque moyen qu'il puisse être, du revenu
des populations devenues beaucoup plus réalistes, leur
donnerait encore plus de motivations à participer à
l'uvre collective du développement national,
à la concrétisation de cette quête incessante pour le
mieux être. D'autant qu'une consommation mieux
orientée est un facteur de dynamisme pour la production
locale qu'il s'agit de stimuler plus vigoureusement.
Alors que les familles modestes vivaient encore dans des maisons individuelles dans la banlieue de Dakar, un nombre grandissant de foyers voient un signe de réussite sociale dans l'entassement indigne des appartements à étages.
Ainsi, 37,5% des ménages sénégalais
habitent dans des cases ou des baraques, alors que 62,5%
habitent dans des maisons en dur. Ces taux ne sont respectivement
que de 3,7% et 96,3% s'agissant de Dakar. Alors qu'en
milieu rural, 55% des ménages vivent dans une maison
en dur. "Le logement des ménages s'améliore avec
l'urbanisation", note d'ailleurs le rapport de
l'enquête, qui a mis en relief l'existence de 777.931
ménages pour l'ensemble du Sénégal, par rapport à une
population totale estimée à 7.884.257 habitants en fin
septembre 1994.Sur l'ensemble des ménages, 66,7% seraient
propriétaires de leur logement. Ce ratio est de 42,8%
à Dakar, de 57,3% dans les autres centres urbains et
de 79,7% en milieu rural. Parallèlement, 13% des ménages
seraient locataires simples au Sénégal. A Dakar, ce
sont 40,1% des ménages, 18,4% dans les autres centres
urbains et seulement 0,5% en milieu rural. Les "locataires-acheteurs"
des programmes immobiliers ne représentent qu'une infime
portion (0,5% de l'ensemble des ménages sénégalais)
et ne se rencontrent qu'à Dakar et dans les centres
urbains du Sénégal.Le document indique aussi que dans
l'ensemble, 79% des ménages sont "normalement peuplés"
(soit trois ménages sur quatre environ). Cet indice
de peuplement souligne qu'un ménage est surpeuplé si
le nombre de personnes qui le composent est supérieur
au nombre de chambres du logement. Ces ménages surpeuplés
sont par ailleurs plus fréquents en milieu urbain qu'en
milieu rural. L'indice de peuplement donne une idée
de la "promiscuité" qui existe dans le ménage.
Au chapitre des éléments de confort, 81% des ménages
vivant en milieu rural ne dispose d'aucun moyen de confort
(eau, électricité et WC). Seuls 5% des ménages sont
concernés à Dakar contre 23,5% dans les autres centres
urbains. Dans l'ensemble, 19,1% des ménages sénégalais
disposent de ces trois éléments de confort, signe d'un
certain niveau de vie.C'est ainsi qu'en milieu rural,
la lampe-tempête constitue le principal moyen d'éclairage.
C'est seulement, un peu plus du quart des ménages sénégalais
(28%), qui s'éclairent à l'électricité. A Dakar et dans
les centre urbains, ce sont respectivement 73% et 51%
des ménages qui ont accès à l'électricité. Mais, un
paradoxe est à relever : "c'est à Dakar que la
bougie est relativement la plus utilisée ; 13,2% des
ménages dakarois y ont recours contre 4 à 6% dans le
reste du Sénégal".A travers le rapport de l'ESAM,
l'on note aussi que 55,5% des ménages utilisent le bois
de chauffe pour faire la cuisine et 21% le charbon de
bois. C'est à Dakar et dans les centres urbains que
l'utilisation du gaz et du charbon est plus importante.
Dans la capitale sénégalaise, 66,3% des ménages emploient
le gaz contre 29,1% pour le charbon. Ces ratios sont
respectivement de 25% et 39,3% dans les autres centres
urbains.L'enquête révèle aussi, au chapitre de l'équipement
des ménages, que "l'utilisation du téléphone à
domicile et de la voiture personnelle, semble connaître
un accroissement vigoureux". N'empêche, le nombre
de ménages possédant ces deux attributs de confort,
est encore faible. Au moment de l'enquête, seuls 5%
des ménages sénégalais avaient le téléphone à domicile.
A Dakar et dans les centres urbains, ce sont respectivement
11,4% et 9,3% des ménages. Comme le téléphone, la disposition
d'une voiture personnelle est encore faible (moins de
4% des ménages). Dans la capitale, ce sont 10,2% des
ménages qui sont dotés de véhicules privés.Il ressort
aussi de l'enquête que la radio et la radio-cassette
sont les équipements les plus répandus dans les ménages
sénégalais. Près de 72% des ménages en seraient équipés.
Par contre, seuls 5,5% des ménages possèdent une vidéo.
(16% à Dakar), 21% disposent d'un téléviseur (50% des
ménages à Dakar), 13,1% ont un réfrigérateur (environ
le tiers de ménages de Dakar)... Une grande disparité
est ainsi notée entre Dakar et le reste du Sénégal.
Les ménages dakarois ont en effet un meilleur accès
aux commodités de la vie moderne. Si 14% des ménages
dakarois possèdent une chaîne à musique, il reste que
l'ordinateur est encore loin d'être un bien courant.
La plupart des ménages en milieu rural vivent des habitations modestes, souvent dépourvues des services élémentaires.
Fortes dépenses alimentaires
: En 1994, année référence de l'enquête, 777.931
ménages ont globalement dépensé 114 milliards 482 millions
de francs CFA. Ce qui donne une dépense moyenne par
personne et par an (DPA) de 147.495 F CFA et une dépense
moyenne annuelle par ménage de 1.494.852 F CFA. Le rapport
estime que la DP réelle est de 114.225 F CFA si l'on
soustrait la part de l'autoconsommation. De 1991,
année de la réalisation de l'Enquête sur les Propriétés
(ESP) à 1994, le taux d'accroissement moyen annuel
de la DPA a été de 7,8%.Si 23,6% des ménages sont concentrés
à Dakar, 18,9% dans les autres centres urbains et 57,5%
en milieu urbain, ces ménages n'ont pas les mêmes
habitudes de consommation, ni les mêmes niveaux de réserves.
C'est ainsi que les dépenses moyennes par personne
ou par ménage sont différentes selon les milieux. C'est
ainsi que "60% des ménages ruraux ont une DPA inférieure
à 100.000 F contre 17,5% des ménages des autres centres
urbains et 7,7% à Dakar".Bien évidemment, les dépenses
des ménages sont proportionnelles à leur taille. Ce
dernier élément accentue ainsi la disparité dans les
dépenses des ménages.Dans la distribution, le nombre
de ménages dirigés par les hommes est le plus important
et s'élève à 80,4% de l'ensemble. Ces ménages
constituent 84,8% de la population globale et leur part
de dépenses est de 82,1% de l'ensemble des dépenses
annuelles des ménages. En moyenne, la dépense des ménages
dirigés par les hommes est de 1.527.110 F, contre 1.362.957
F pour celle des femmes. Au niveau individuel, les dépenses
sont respectivement de 142.813 F et 173.570 F. A retenir
que les ménages dirigés par les femmes sont moins peuplés.Le
rapport révèle aussi qu'il existe une grande disparité
entre les dépenses moyennes par tête, suivant le niveau
d'instruction. Ainsi, les chefs de ménage de niveau
supérieur ont une DPA plus élevée (4.920.300 F), alors
que ceux "sans instruction" ont une DPA plus
faible (1.206.636 F). L'appartenance à un groupe
socio-économique est aussi source de disparité dans
les dépenses."Les moyennes de dépenses par personne
sont plus élevées chez les chefs de ménages salariés"
: cadres supérieurs (381.371 F), employés (288.918 F),
professions intermédiaires (286.340 F) et ouvriers (165.377
F). Par contre, ces niveaux sont faibles chez les employeurs
et indépendants (agricoles : 93.095 F) ; (non agricoles
: 165.345 F), chez les chômeurs (120.734 F) et les inactifs
(164.359 F).Les dépenses de consommation des ménages
varient aussi suivant le milieu : urbain ou rural. Les
ménages destinent la plus importante part de leurs dépenses
à des consommations de type alimentaire ; 70.381 F par
personne et par an, soit environ 53% du total des dépenses
individuelles. Les 47% résiduels sont affectés à des
consommations non alimentaires, parmi lesquelles le
groupe "Logement, eau, électricité et autres combustibles"
est le plus important. En effet, 20,3% du budget des
ménages sont consacrés à ce groupe.Aux postes "alimentations
et dépenses liées au logement", sont consacrés
73% du budget des ménages. A travers l'étude, l'on note
d'ailleurs que les charges locatives grèvent leur budget.
Si au Sénégal, 85% des ménages sont propriétaires de
leur logement, 70% des ménages dakarois sont des locataires,
contre 27,3% dans les autres centres urbains et seulement
2,7% en milieu rural. Pour ces ménages locataires, plus
de la moitié (59%) consacrent moins de 10% de leurs
dépenses globales à leurs charges locatives. Près de
30% d'entre eux mettent entre 10% et 19% de leurs dépenses
dans les charges locatives. Et un ménage sur dix paie
un moyen compris entre 20% et 49% de sa dépense annuelle
totale. Ces charges sont plus importantes à Dakar que
dans les centres urbains et en milieu rural.Dans la
hiérarchisation des dépenses, l'habillement vient en
troisième position puisque en moyenne annuelle, chaque
Sénégalais lui consacre 10.4777 F, ce qui représente
8,1% dans la consommation globale. D'autres groupes
de dépenses suivent, n'excédant pas 5% : "ameublement,
équipements ménagers, et entretien courant", 4,8%
; "transport et communication" 4,2% ; "santé"
3,4% ; "enseignements" 1,4% ; "loisirs,
spectacles, culture" 0,6%, hôtels, café et restaurants"
0,6%. les autres biens et services occupant 3,4% des
dépenses.
Confort : des ménages
mieux lotis, mais...
Disparités dans les revenus au Sénégal
: le revenu moyen par tête d'habitant est estimé par
l'ESAM, à 220.950 F alors que le produit national brut
par tête était de 253.306 F en 1994 et de 279.456 F
en 1995. Cette moyenne est de 416.423 F à Dakar, 403.098
dans les autres centres urbains pour ne se situer qu'à
100.038 F en milieu rural. Le document souligne aussi
que 50% de la population sénégalaise ont un revenu global
annuel inférieur à 975.839 F. Un ratio qui se situe
à 2.175.325 F à Dakar et à 1.930.328 F dans les autres
centres urbains, pour 600.000 seulement en milieu rural.
En matière de réserves aussi, de profondes disparités
existent selon le milieu urbain ou rural.L'enquête souligne
d'ailleurs que 14% de Sénégalais ont un revenu annuel
compris entre 100.000 et 300.000 F CFA, tandis que 3,1%
ont annuellement moins de 100.000 F. Chez les Sénégalais
les plus nantis, l'on constate d'après les conclusions
de l'étude que 4,4% de Sénégalais ont un revenu annuel
supérieur à 10 millions de francs. Dans la même dynamique,
6% de Sénégalais ont un revenu annuel compris entre
5 et 10 millions de francs CFA. La strate la plus importante
(20,7% de la population) est constituée de nationaux
ayant un revenu annuel compris entre un et deux millions
de francs.Au plan des ménages, le revenu moyen annuel
est 2.231.867 F plus élevé en milieu urbain (soit 3.769.093
F à Dakar et 3.873.423 F dans les autres villes), qu'en
milieu rural (1.075.662 F). Globalement, 50% des ménages
sénégalais auraient un revenu annuel inférieur à 763.758
F, une moyenne qui est de 472.093 F en milieu rural
et 1.604.348 F à Dakar. 4,3% au total des ménages ont
un revenu annuel inférieur à 600.00 F (soit 50.000 par
mois).A Dakar, 22,4% des ménages ont moins de 600.000
annuellement contre 19,5% dans les autres villes et
61% des ménages ruraux. Alors que globalement, 3,2%
des ménages sénégalais ont des revenus annuels supérieurs
à 10 millions de francs, tandis que 4,7% perçoivent
annuellement des revenus compris entre 5 et 10 millions.
Au niveau de la distribution des revenus, les mêmes
disparités apparaissent, selon le milieu urbain ou rural.
A relever qu'en milieu rural, seul 1% des ménages ont
des revenus annuels supérieurs à 10 millions.L'étude
révèle aussi que paradoxalement, dans un pays agricole
comme le Sénégal, les revenus agricoles sont encore
trop faibles. En réalité, les revenus agricoles ne représentent
que 3,2% pour l'élevage.En valeur moyenne, les revenus
globaux des ménages sont constitués des rémunérations
des salariés (24,4%), des revenus tirés des "unités
de productions agricoles" (UPNA) : (27,9%) ; des
revenus de la propreté (12,5%), des transferts reçus
(18,9%), des revenus de l'élevage (11,2%).Les revenus
des ménages sont généralement complétés par des ressources
issues de l'épargne (compte bancaire ou tontine) et
des emprunts qui constituent 88% de ces ressources.
La vente de biens, l'héritage et les jeux de hasard
ne représentant que 12%. Il est à signaler que dans
ce poste, "autres ressources des ménages",
les emprunts sont les plus significatifs avec 44,7%.
Mamadou Matar Gueye, statisticien-démographe: "Une meilleure compréhension des besoins"
L'enquête sénégalaise auprès des ménages a été menée
sur la demande du ministère de l'Economie, des finances
et du plan, pour mettre à la disposition des autorités
publiques des éléments de décision économique. Comme
l'explique Mamadou Matar Guèye, statisticien-démographe
à la Direction de la Prévision et de la Statistique
:
"ses principales conclusions vont d'ailleurs servir
pour approfondir la lutte contre la pauvreté, inscrite
au rang de priorité dans les orientations tracées par
le gouvernement". "Ces indicateurs socio-économiques
révélés par l'enquête vont aussi permettre une analyse
différentielle entre certaines catégories de ménages
pour mieux faire apparaître la compréhension des phénomènes
de pauvreté, en milieu urbain comme rural", a précisé
M. Guèye.
"Il sera possible ainsi pour les autorités, dans
la lutte contre la pauvreté, d'inclure plus d'équité
en matière de distribution de revenus et d'infrastructures
de base".Dans le domaine de l'accès à l'eau potable,
à l'éducation et à la santé, le statisticien-démographe
explique que les tendances dégagées par l'enquêtes vont
être prises en compte dans la définition et la mise
en uvre des politiques sociales. Et les autorités
vont, sur la base des conclusions du document, tenter
une correction de certains déséquilibres entre les ménages,
en milieu urbain et en milieu rural, pour améliorer
la productivité des populations sénégalaises. "Il
y a des choix à opérer ainsi que des urgences, et l'Etat
va maintenant bien mettre l'accent sur certaines priorités".Le
statisticien démographe souligne que l'enquête a d'autre
part permis de mieux mesurer l'impact des politiques
économiques mises en branle depuis quelques années et
leur conséquences sur le vécu quotidien des ménages
sénégalais.
Oumar Diagne, socio-anthropologue:
"La pauvreté, une notion à relativiser"
"En occident,l'on est pauvre quand, en deçà d'un
certain seuil, l'on est inapte à satisfaire certains
besoins primaires relatifs au logement, à la nourriture,
à l'éducation, aux loisirs... Alors qu'en Afrique, l'on
est pauvre selon une certaine tradition bien établie,
quand on a rien à partager avec ses proches, cela, tant
du point de vue psychologique que du point de vue matériel".
Pour le socio-anthropologue Oumar Diagne, maître de
conférence à l'université Cheikh Anta Diop de Dakar,
la pauvreté comme la promiscuité, notions largement
usitées maintenant du fait de la crise, est à relativiser
parce que ne recoupant pas les mêmes réalités en Afrique
et en Occident.Son sentiment est que "ce concept
de pauvreté des ménages est véhiculé au niveau de l'Administration
sénégalaise, ainsi que dans certaines classes sociales,
repose davantage sur des considérations liées au pouvoir
d'achat que sur des questions proprement humaines".
"Dans la société sénégalaise, quelqu'un qui a les
moyens et qui les partage avec les autres, on dira de
lui qu'il est large ("yaatu"). Or un tel individu,
en Occident, ne pourrait jamais réussir socialement,
étant donné tous les calculs dont est enclin l'homoéconomicus".
Le professeur Diagne est ainsi d'avis que "sans
cette notion de partage généralement bien admise en
Afrique, de sérieuses questions de survie se poseraient"
pour les individus et les populations. Part ailleurs,
il souligne que les contraintes de la vie moderne n'autorisent
plus ce sens du partage et de la générosité , "étant
donné toutes les charges qui régissent aujourd'hui,
le goût du bien-être dans une famille équilibrée, l'éducation
des enfants". Sans bannir cette légendaire générosité
communautaire africaine et sénégalaise, véritable rempart
contre la pauvreté, Oumar Diagne fait remarquer qu'"un
certain sens social devra nous incliner à nous régler
sur les exigences de la modernité, tout en ne sacrifiant
pas l'élan de solidarité parentale ou généalogique,
qui est encore un bienfait dans nos sociétés".
Cheikh THIAM
Economiste/Journaliste
"LE SOLEIL"
BP 92 Dakar-SENEGAL
Vos contributions et commentaires sur le contenu de cette page
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