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Les cauris

art divinatoire au s�n�gal

En Afrique, depuis des si�cles, les coquillages sont un �l�ment important de civilisation. Et les cauris "parlent" entre les doigts habiles du devin qui donne une consultation.

© Corinne DERIOT, septembre 2000

Cet article, r�dig� lors d'un s�jour � Dakar en novembre 1998, est paru dans "Afrique Passion" n�2 du printemps 1999

Origine des cauris

Les cauris ou Cypraea moneta, sont de petits coquillages import�s des Îles Maldives. Ils ont constitu� la plus ancienne monnaie chinoise connue. Leur nom vient du mot sanskrit kaparda ou kapardika tranform� par les Anglais en cauri ou cowri. Ils auraient �t� amen�s par les Arabes sur les c�tes orientales de l'Afrique. A Madagascar, l'art de la divination, qui se fait par des grains (sikidy) est �galement d'origine arabe.

El�ments de g�omancie

La g�omancie (art de deviner l'avenir en jetant de la terre ou des cailloux au hasard d'apr�s les figures qui en r�sultent) se fait notamment par les d�s, les osselets, les noix de coco (en Polyn�sie). Selon la religion des Yoruba (des Afro-Br�siliens notamment) certains devins n'officient qu'avec des coquillages. A Cuba, selon cette m�me religion, les devins, outre les coquillages, se servent de noix coup�es en deux.

Selon certains auteurs, la g�omancie peut se rattacher � des cultes chthoniens (relatifs � la terre) en relation avec des rites de fertilit�. Le nom donn� par les Arabes � la g�omancie Zarb el Rami signifie litt�ralement "frapper le sable" et se rapporte � une op�ration rituelle d'ouverture de la "terre-m�re".

Utilisations des cauris en Afrique

Les cauris se pr�taient � plusieurs usages. Ils constituaient la monnaie en Afrique de l'Ouest, notamment � l'�poque des grands empires du Ghana, du Mali et du Songha�. Une certaine valeur religieuse amenait les pr�tres animistes � confectionner des costumes enti�rement ou en partie faits de cauris que rev�taient leurs porteurs de masques dans les manifestations c�r�monielles, dans les bois sacr�s. Des objets � caract�re magique ou culturel, cornes, gris-gris, f�tiches �taient sertis de cauris chez le gu�risseur ou le sorcier. Ces objets et ces costumes couverts de cauris se rencontrent en Casamance chez les Diola et au S�n�gal oriental chez les Bassari, l� o� la religion traditionnelle est encore vivace.

Sur le plan symbolique, les cauris sont fr�quemment mis en relation avec le f�minin. Leur forme �tant associ�e � celle du sexe f�minin, les cauris peuvent �tre utilis�s lors de rites de f�condit�.

Pratique de divination

Dans les milieux islamis�s, les cauris servent � pr�dire l'avenir. Le consultant se rend chez le devin qui lui pr�sente d'abord quatre cauris.

Le premier murmure tout bas ou pense seulement l'objet de sa visite et souffle ou crache sur les cauris. Le second peut demander � son client de les jeter ensuite. Selon la disposition des cauris, le devin se montre d�j� capable, d�s ce premier jet, d'augurer de bons ou mauvais r�sultats. Il peut r�p�ter le geste avec les quatre cauris seuls avant de les m�langer avec les autres et de proc�der au d�chiffrement de leur message.

Dans chaque famille wolof, surtout dans les villes, des femmes pratiquent la divination par les cauris. Cet usage devient presque un passe-temps chez les femmes d�sœuvr�es mais toujours avec un fond divinatoire.

� c�t� de cette cat�gorie se livrant plus � une activit� ludique et distrayante, il existe de v�ritables cauristes professionnels. La plupart des consultations tournent autour de th�mes habituels, d'�v�nements heureux ou malheureux, coutumiers ou autres : mariages, bapt�mes, deuils, chance de recevoir de l'argent ou autres dons, voyages, �tat de concorde ou de d�saccord.

Deux cauristes du S�n�gal

Nous avons rencontr� � Dakar deux jeteuses de cauris. Elles se sont exprim�es en wolof. Les entretiens ont �t� traduit par Ibrahim Ch�rif Bale� que nous tenons � remercier ici.

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