Bulletin N°60 de Planete-Senegal.com    envoyé à 55.021 inscrits
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SOMMAIRE :
>> Edito : Question pour un champion...
>> Senegalaisement INTERACTIF : La météo (Tamba), photos et petites annonces.
>> Site internet "Sénégal" du jour : Destination Nord Sénégal
>> Promo du jour : Paris-Dakar à 399€
>> Hôtel du jour : Hôtel Katakalousse
>> La revue de presse sénégalaise de la semaine. Du plus drôle au plus anecdotique :
- Les 1000 noms de l'amour au Sénégal
- Le Sénégal aide les Laotiens
- Saly : le banquier aime vos cartes
- Dix miss et une métisse : les 11 de Moïse
- Le dur métier de journalier à Dakar
- Casamance : assises des combattants
- Mosquées trop bruyantes à Dakar
 

Bonjour à tous pour ce premier bulletin de "soudure". On appelle "soudure" au Sénégal la période précédent l'hivernage durant laquelle l'ensemble des céréales cultivées l'année précédente tendent à s'épuiser. Entre le précédent bulletin et aujourd'hui a eu lieu la fête de l'indépendance du Sénégal. Le vieux président Wade (un des nombreux soudeurs) a défilé précédé d'un lion emprunté au zoo de Hann qui était aussi vieux que son maître et aussi maigre et malade que le pays qu'il tente de diriger. Le Talibé-Président a donc décidé lui aussi comme ses confrères Amin Dada, Bokassa ou Mobutu de se lancer dans les célébrations en grandes pompes (les siennes sont sans doute des Smalto). Selon 100% des observateurs, le pays agonise et la situation est plus précaire aujourd'hui qu'en l'an 2000. Le pays ne manque pourtant pas de personnes pleines de volonté. Ce qu'il manque sans doute au Sénégal, c'est un outil moins rudimentaire qu'une urne et que l'Europe a utilisé pour faire le ménage (avec il faut l'avouer beaucoup de succès) : la guillotine. Qu'on arrête de tergiverser avec des incapables tant que 7 millions de gens vivent dans la misère et que mai-juin marquent toujours la fin angoissante des provisions dans les greniers ruraux... et le début tout aussi angoissant de la faim ! Faire le ménage, c'est raccourcir (ététer dans mes définitions de mots croisés) tout ce qui porte une cravate quand il fait 40° à l'ombre. Le Sénégal ne s'en portera que mieux. Le prix d'un Pajero de politicien sénégalais en cravate correspond à 100 tonnes de riz pour les paysans en période de soudure (sur la base de 150CFA-0,23€ le kg de riz ce qui est le prix de détail et 150.000.000CFA-23.000€ le 4x4 Nissan Pajero). Le prix d'un Pajero d'un politicien sénégalais en cravate c'est donc environ de quoi mettre du riz dans l'assiette de 20.000 paysans sénégalais durant UN MOIS. Voilà des chiffres concrêts. Avec un bon rendement, une guillotine artisanale permettrait de résoudre les problèmes de subsistance de plusieurs centaines de milliers de familles rurales qui ne font en ce moment qu'un maigre repas chaque jour. Comme les solutions sont simples à trouver !


Question pour un Champion : Je suis un personnage politique du Sénégal et donc par la même un des "soudeurs" précédemment cités. Surnommé Oussou La Brèche dans mon département de nombreux hôteliers m'appellent également en secret "le Calamiteux". Mes connaissances géologiques et mon entourage de bon conseil m'autorise à défier les éléments et à engloutir sous les eaux une dizaine de villages. J'ai réussi la prouesse en 24 mois de faire baisser le tourisme de près de 30% au Sénégal grâce à des décisions aussi mauvaises qu'inappropriées et à des déclarations à l'emporte-pièce qui n'impressionnent personne. Malgré tout je viens d'être reconduit dans mes fonctions au grand dépit de nombreux professionnels sous ma tutelle. Entre deux mauvaises idées, je trouve cependant le temps de me balader en boubou à travers le monde pour tenter de réparer les pots cassés. Je suis, je suis....


Le moteur de recherche est à nouveau opérationnel pour le plus grand plaisir de ceux qui recherchent une information précise. Une nouveauté qui va se développer dans les prochains jours : la possibilité pour tous ceux qui ont un site internet traitant du Sénégal (site perso, pro, commercial, etc...) de l'enregistrer automatiquement sur Planete-Senegal.com pour l'intégrer dans les résultats du moteur de recherche (pour ajouter votre site rendez-vous notamment dans la page liens de Senegalaisement) .

Les P'tites Annonces Sénégaliennes ont comme prévu changé de peau... pendant 48 heures ! Cela ayant déclenché l'ire de certains habitués, l'ancienne version est revenue illico avec une foule d'améliorations effectuées ou en cours de d'élaboration : Les problèmes d'insertion des photos ont été résolus : le redimensionnement est désormais proportionnel et les couleurs ne virent plus au gris. De plus, le bug des photos n'apparaissant pas lorsque les annonces étaient postées de Planète Sénégal est également réglé. Bonne nouvelle également, TOUTE ANNONCE MODIFIEE repasse automatiquement en première position (c'est logique). Les espaces et sauts de lignes apparaissent eux aussi désormais. Pour finir quelques petites améliorations graphiques rendent l'interface plus ergonomique. La prochaine étape dans les jours qui viennent sera la migration de la Sénégalerie qui elle aussi verra quelques améliorations parmi lesquelles la possibilité de noter chaque photo et de créer ses albums perso. Pour cela 3Go d'espace supplémentaire dédié ont été rajoutés. De quoi ajouter près de 5000 nouvelles photos aux 1100 déjà en ligne !.

Dans la revue de presse du présent bulletin vous pourrez lire deux articles courageux et intelligents : "Le Sénégal aide les Laotiens" et "Mosquées trop bruyantes à Dakar"

Une page complète et illustrée sur les instruments de musique du Sénégal : Cliquez ici
Les P'tites Annonces Sénégaliennes "arrangées"! Cliquez ici
La carte interactive du Sénégal encore complétée et détaillée : Cliquez ici
Une sixième page de cartes postales d'antan : Cliquez ici !
Mise à jour des noms et prénoms du Sénégal : Cliquez ici !
Ajoutez votre site au moteur de recherche sénégalien : Cliquez ici !
Mise à jour de l'économiseur d'écran "Saint-Louis du Sénégal" :
Mise à jour de très nombreuses pages parmi lesquelles Joal-Fadiouth (avec des nouvelles photos et un diaporama), Mbour, etc...

.A très bientôt ! Et n'hésitez pas à participer au prochain bulletin
(le prochain ne sera pas subversif, promis)

PROVERBE SENEGALAIS DU JOUR
Li mbëtt bëgg la bar bëgg"
(littéralement: "Ce qui est bon pour la taupe est bon pour la loutre")
(merci à l'internaute inconnu qui nous a envoyé ce proverbe dont j'admets ne pas comprendre tout le sens)
 

Site du jour : Destination Nord Sénégal
http://perso.wanadoo.fr/alain.giorgio/pages/index.htmpag.html

Partez à la découverte du si méconnu nord du Sénégal en compagnie d'Alain qui nous présenter un très grand nombre de photos des plus beaux coins de la région de Saint-Louis ! Au détour des pages photographiques vous découvrirez des villages peulhs perdus dans la steppe, le fabuleux désert de Lompoul situé au Sud de Saint-Louis mais qui ressemble tant au Sahara, Saint-Louis, le parc national du Djoudj, le barrage de Diama, mais aussi bon nombre de photos de Dakar et quelques unes du désert mauritanien. Vous pourrez en outre vous inspirer de son itinéraire pour vous aussi découvrir le Sénégal septentrionanl. VISITEZ LE SITE

 

Hôtel du jour : Hôtel Katakalousse

L'hôtel Katakalousse est implanté au coeur de la mangrove casamançaise, le long du bolong du même nom. A quelques minutes de voiture du Cap Skirring, l'établissement bénéficie ainsi de l'emplacement le plus adapté à la découverte nautique de la région et de ses milliers d'îlots de mangrove appelés "bolongs". Barracudas, carpes rouges, capitaines, carangues, otolithes, thiofs, etc..... vous attendent dans les eaux calmes de la Casamance. En compagnie d'une équipe de pro qui connaissent bien la région vous passerez un séjour pêche inoubliable tout en profitant des prestations de qualité l'hôtel à des prix très concurrentiels (à partir de 23€ la chambre)....www.df-marlin-club-casamance.com

LA REVUE DE PRESSE DE LA SEMAINE
Du plus drôle au plus anecdotique

>>>> Les mille petits noms de l'amour sénégalais.
Cadre dans une société de la place, cet homme se contentait d’appeler sa femme, «madame N.», une sorte de déformation professionnelle acquise au bureau, jusqu’au jour où la deuxième a fait son entrée avec ses «fème». «Vous savez, les premières sont souvent pudiques, contrairement aux deuxièmes qui ont plus d’un tour dans leur sac et qui n’hésitent pas à en user pour nous amener à nous plier à leurs désirs». Les petits mots comme «papa chéri, mon chou», ce bonhomme ne les entendra qu’avec sa deuxième épouse. Encore célibataire, celui- ci a tout un chapelet de surnoms, en fonction des copines. Dans le lot, il dit souvent «ma biche, mon chou, bébé chéri, ma fleur». En retour, les nanas lui servent du «papa», avec une délectation dans la voix qui ferait pâlir le plus zen des hommes. D’autres s’amusent à dire «mon cœur», assez joli comme appellation, mais trop anodin pour faire croire une seconde que le cœur de celle qui le dit bat pour lui seul…mais pour reprendre certains, «sudé ay nax sax néx na». Ces histoires de surnom sont trop superficielles, nous dit cet informaticien, 25 ans. Cependant, il aime bien répéter mon «cricri» comme dans «Hèlène et les garçons». Mais n’allez pas penser qu’il en croit un mot. «À mon âge, je n’ai que des passades, je dis cela pour m’amuser», précise-t-il. Amoureux fou de son épouse, celui-là n’est pas loin de penser qu’il a inventé l’amour. Au cours d’une promenade nocturne, inspiré par les vagues sur la baie de Soubédioune, il a trouvé ce surnom : «Dabis». «Je suis le seul autorisé à l’appeler ainsi, même son père n’en a pas le droit». Et puis quoi encore ? Pourtant, un intellectuel de grande renommée, la quarantaine, D. S., rappelle qu’il est un «vrai nègre». Comprenez que les nom et prénom suffisent. Ce charmant jeune homme a dû passer des heures avec des bouquins pour dénicher son expression plutôt longue, mais mignonne : «l’étoile au bord de l’arc-en-ciel bercé par la mer». Ouf…Quinze ans, F. Fall, en classe de cinquième, a inventé «Shori» pour les beaux yeux de sa douce moitié. Adepte de livres à l’eau de rose, cette jeune fille aime souffler aux creux de l’oreille de sa tendre moitié, «mon roudoudou». Bizarre, non ? L’expression vient d’une copine qui a fait un long séjour au Gabon. Allez savoir ce que cela signifie ! L’important est dans la symbolique, non dans la sémantique.Revendiquant son non-romantisme, F. S. qui est maigre comme un clou est fou de son mec qui fait trois fois son poids et sa taille. «J’aime bien l’appeler mon grand tigre». Encore que pour être grand devant elle, on n’a pas besoin de se soumettre au même régime que Yékini ! Fan de Daniel Stell, B. K., étudiante, a piqué dans un best-seller ces trois mots qui vont à son chou comme un gant : «mon vif argent». No comment ! Dans la mêlée, d’autres nous ont cité des formules typiquement sénégalaises que nous nous garderons de traduire : «sama amul bayi, sama karawu bakan, niaak la torox, sama luné funé, sangue bi, ku bax ki, Serigne bi». Parole de mec, on vous donne en mille celle qui fait fondre les femmes : «yaay boy». Pauvres mamans rudement concurrencées par les conquêtes de leurs rejetons.Mais dans toute cette histoire, une formule pourrait résumer la compréhension particulière des mecs : «l’amour et les hommes, c’est de beaux mots avant, de grands mots pendant et de gros mots après». Pour les femmes, c’est la tendresse assurée, sauf si on nous donne de bonnes raisons de sortir de nos gonds ! Parce que ce sont des stars, elles doivent en avoir d’assez spéciaux, de petits noms, pour accrocher les élus de leurs cœurs… : Golbert Diagne«J’ai fait trois pèlerinages à La Mecque et j’ai trois épouses qui m’appellent toutes Ass ou El Hadji Ass. Quand je m’adresse à la première, je dis maman ou Yaye boy. Pour la deuxième, je dis Fifi, comme ma fille ou ma petite fille et la troisième répond à Ndèye ou Bijou». Avec trois élues pour un seul cœur, on se demande si le grand comédien ne s’y trompe pas. «Jamais, répond-il. Je suis un journaliste, donc une personne équilibrée» (ce n’est pas évident). À la recherche d’une quatrième épouse, Golbert apprend aux intéressées qu’un appel d’offres a été lancé sur sa radio. Celle qui aura la chance de gagner le «marché» aura l’insigne honneur de se faire appeler « Trésor ». C’est dans la caverne d’Ali Baba qu’il lui faut aller chercher çui- là. Ce sera un surnom mérité et durement payé, puisque la quatrième est tenue d’apporter une dot consistante. «Je suis une vedette maintenant et je coûte cher», lance Golbert Diagne.Cela change un peu, que les hommes deviennent à leur tour des « marchandises ». Yékini, nouveau roi des arènes Sur le portable de Yékini, nous tombons sur un interlocuteur qui semble être son conseiller en communication. Au troisième coup de fil, il répond dans un français approximatif : «nous sommes désolés, mais le lutteur ne peut pas répondre à cette question. Il doit d’abord faire sa revue de presse». Parcourir les 16 quotidiens sénégalais sans parler des hebdomadaires pour savoir comment il surnomme sa femme, Yékini doit être un époux bien particulier ! Comment trouve-t-il le temps de s’entraîner ? Pour ceux qui connaissent sa fameuse chanson El Hadji Ass, c’est sans surprise avec Titi : «Je l’appelle Ass, il me nomme djabar». Sur le plan de l’inspiration, le mari n’est pas à la hauteur. À moins que Titi nous la joue secrètement.Politicien chevronné, Abdoulaye Makhtar Diop sait lire derrière les lignes : «En toutes circonstances, on m’appelle par mon nom. Même durant les moments les plus langoureux et intimes. J’espère que cela répond à vos sous- entendus ?» Sun Sène, actrice : «Selon mon humeur, je dis Taaw, Bakh yaye, Gorou djambour, Nidjaye, Sama aladji, Chéri… ». Décidément, tous les petits noms sont dans la nature ! Entretien avec Malick Ndiaye, sociologue «Il y a là un camouflage de perte de culture» Il y a une vingtaine d’années, c’est en privé que les petits noms étaient prononcés, avec une teinte à peine licencieuse, note le sociologue Malick Ndiaye. Mais avec les nouvelles technologies de l’information, les jeunes font preuve d’ingéniosité et n’hésitent pas à verser dans le néologisme en associant le Wolof à l’Anglais, au Français et à l’Américain … Avant on disait «nidjane», «soxna si», maintenant on entend «laxass», «guel bi», bébé, «thiouks»… Quelle explication sociologique donner à ce changement dans le langage des petits noms ?Dans la société, il y a des milieux répressifs comme dans le domaine des pratiques religieuses, à l’université, dans la famille. Il y a par ailleurs d’autres domaines qui sont laissés à l’interprétation de chacun et où l’intimité jouant, la poésie reprend ses droits. Ainsi Eros prend son envol. Les fiancés, concubins et époux se nomment de façon plus libre que ce que la société d’ordinaire tolère. Mais c’est en privé que les petits noms étaient dits avec les pointes à peines licencieuses. Tandis que le domaine public était celui des conventions. Mais cette dualité entre société répressive et intimité libertaire n’est pas nouvelle. Avec l’urbanisation, l’instruction et l’information, les habitudes se sont modifiées à tel point que des appellations qui ressortaient du domaine privé ou intime font maintenant la une des journaux ou sont prononcées sans gêne. Ce qui veut dire qu’il y a une modification de la conscience moyenne des Sénégalais, qui est devenue plus tolérante ou plus licencieuse. À quoi convient-il de référer ce changement ?Je pense que cela vient du fait que nous avons affaire à une population jeune qui invente beaucoup de mots nouveaux, avec des formules associant français, anglais, wolof, américain… Bref, il y a une ingéniosité de notre jeunesse qui a produit des noms comme thiouks, meuf, chéri. À ce niveau, la chanson a joué un grand rôle d’avant-garde. Dans les années 60, on trouve la grande chanteuse Mada Thiam qui, la première, a transféré dans le domaine public, des choses privées, à la limite intimes. Elle disait de son mari Lay Niakh, «toukel guelem, mbam meneuko def». À l’époque, Mada Thiam avait réussi à casser littéralement l’ancienne pudeur et lui avait substitué quelque chose qui annonce un peu «mbarass». Et donc, il y a là, dans le langage symbolique de la chanson, non seulement, l’acceptation de l’amour, des sentiments, des passions vives, comme dimension de l’être, mais dans un cadre public. Nous avons aussi les chansons de Kiné Lam, avec Dogo. Ainsi, la veille conscience répressive issue des Serignes, et des Daaras, qui envahit les sociétés avec reconnaissance des faits de minorités. On a notamment vu les homosexuels avoir le courage de faire des manifestations, la pédophilie être dénoncée, les minorités de castes assumer leur être de caste. Comme quand l’autre dit «ma ñak sama ndéye nguéwela neex… » Comment expliquer que la femme ne résiste pas à «yaay boy» ? Yaye boy n’est pas un propos de dragueur ou de tombeur des filles. C’est plus une appellation teintée de sentiments filiaux. Donc c’est l’amour non charnel qu’il y a dans Yaay boy, cela veut dire qu’il y a une infiltration de certains concepts par une nouveauté qui a du mal à trouver son langage propre. Notre société bouge et s’empare de nos anciennes façons de parler pour exprimer ses angoisses du moment. Mais jusqu’où doit-on considérer que les langages des marginaux sont des signes d’un bien-être souhaitable, ou bien l’expression d’un déclin de la culture ? À votre avis, ce langage nous fait-il oui ou non progresser ? Cette exubérance de langage et ces profusions de termes nous font penser qu’il y a quelque chose qui se passe, mais quoi ? L’abus de mots nouveaux, de néologismes, pourrait cacher des carences d’évolution culturelle qui créolisent le langage et pénalisent les consciences religieuses ou autres. J’ai peur qu’il y ait là un camouflage d’une perte de culture. On peut se faire bien comprendre par les interlocuteurs sans employer des mots extravaguants ou des constructions anarchiques. Par Hadja Diaw Gaye (l'Observateur).

>>>> Le Sénégal aide les pauvres laotiens
Une dizaine de jours après que le président de la République a présidé le Conseil présidentiel contre la fraude douanière, la première candidature à l’élection de 2007 est déclarée : responsable de l’Unacois, Alla Dieng entend se faire confier les destinées du pays. Il veut devenir le chef suprême des armées, celui qui nomme aux emplois civils et militaires, décide des orientations économiques… Il est vrai qu’on est au Sénégal, pays où plus rien ne surprend, mais il faut avouer que celle-là est pour en boucher un coin au plus blasé des observateurs. Quelque part dans Dakar, coincé dans l’embouteillage, envahi par des marchands ambulants qui proposent des allumettes venues de la lointaine et froide Suède, des biscuits d’Indonésie, des foulards de Hong-Kong, des ustensiles made in je-ne-sais-quel-bout-du-monde, le regard serpente entre les babioles plaquées aux vitres, pour entrevoir la une d’un journal : «85 milliards réclamés aux barons du riz.» Qui tient le marché de tous ces produits ? L’informel ! Il a bien raison, le sieur Dieng. Il est devenu urgent de procéder à des élections anticipées pour confier le pays à des mains expertes. Pour qu’on termine plus rapidement le processus de transformation du pays en gigantesque souk, qu’on ferme illico presto les entreprises qui résistent encore aux importations de produits étrangers… Il faut faire vite, pour que les rares maisons familiales dont le garage n’est pas encore transformé en magasins de vente de sous-produits, fassent comme les voisins…Quoi ? Tout le monde en est convaincu non ? Le combat national, l’œuvre de portée patriotique ne consiste-t-il pas à noyer le pays sous les importations ? Le riz de M. Cheng, notre plus-que-frère Laotien, ne va pas quand même rester en souffrance quelque part à Tonkin, alors qu’on peut le lui vendre ici ? Mamadou, le producteur de Dagana, ne va quand même pas s’en faire. Tiens, il pourra toujours attendre. D’ailleurs, lorsque Mor, le-grand-commerçant, aura accumulé des bénéfices, il pourra toujours l’embaucher en qualité de chauffeur de la Mercedes de sa quatrième épouse. Que veut le peuple ? Mais non ! Il n'y a personne encore pour croire que les vrais complices du capital étranger, ce sont ceux qui écoulent les produits venus de si loin. La Cafal de feu Babacar Niang ? Elle n’a pas été cramée par les allumettes suédoises. C’est sûrement la chaleur du soleil qui l’a consumée. Hé, oh ! Sotiba ou pas, Nsts ou je ne sais quelle Icotaf..., on ne va quand même pas se rendre coupable d’ostracisme en préférant ce qui est produit ici, comme ces Burkinabés avec l’idée saugrenue de porter du tissu de leur propre coton. Dieu a dit : Aime ton prochain ! Nous l’avons tellement compris, nous Sénégalais, que nous commençons par notre … lointain. Préférence na… quoi ? Vous voulez que nous laissions mourir de faim ces pauvres agriculteurs d’Amérique et d’Europe, nos frères belges, français, hollandais, allemands et autres, avec de si maigres subventions ? Nous ne sommes quand même pas des affameurs, nous autres Africains. Comme nous savons ce qu’est la faim, avec l’Ethiopie et la Somalie, nous préférons leur éviter cela. Nous savons comment la supporter, la faim. Et puis, nous pourrons toujours compter sur ces agriculteurs du Nord, pour nous envoyer leur production. Et il se trouvera toujours un président de la République, Son excellence Alla Dieng par exemple, pour aller demander une aide d’urgence auprès de nos amis du Pakistan ou du Cambodge. C’est ça la sécurité alimentaire : s’assurer que ceux qui nous auront affamés, ne nous laisseront pas crever de dalle. Par Abou Abel THIAM (Walfadjiri)

>>>> Le banquier de Saly débite les cartes des touristes...
Ousmane S. Badji est préposé à la caisse au terminal de paiement électronique. De ce fait, le gros de ses clients est constitué d'étrangers venus humer l'air de la station balnéaire de Saly. Dans certains cas, le caissier opérait le retrait régulier demandé par le client avant d'opérer dans le même compte un autre retrait personnel à l’insu du client. Selon la partie civile, le modus operandi du caissier est très simple. Il introduit dans la machine la carte du client qui se présente à lui pour opérer un retrait dans son compte. La machine identifie le propriétaire et la banque internationale abritant le compte. Cette première phase accomplie, il compose le montant demandé par le client et qui passe automatiquement si le compte est suffisamment approvisionné. Mais au moment où la machine sort le ticket d'opération, le caissier enchaîne avec une deuxième opération, illicite celle-là. Ainsi, la machine sert deux tickets pour les deux opérations. Le caissier prend l'identification du client sur le premier ticket, le fait signer avant de lui remettre la somme indiquée. Dès le départ du client, il remplit le deuxième ticket en se référant au premier, imite la signature du client et empoche l'argent. La Bicis a estimé les sommes retirées illicitement par Ousmane S. Badji, de décembre 2003 à mars 2004, à 9 millions 375 mille francs Cfa. Des demandes de justification ont commencé à pleuvoir à la Bicis des banques internationales qui faisaient suite à de multiples récriminations des clients. C'est ainsi que la caisse d’O.S. Badji a été placée sous surveillanceavant que des auditeurs ne descendent sur place pour constater les malversations. Sur la base d'une plainte, le caissier est épinglé et déféré au parquet. Devant la barre du tribunal régional de Thiès où il était attrait pour les délits d'abus de confiance, escroquerie, faux et usage de faux, il a avoué avoir fait des opérations frauduleuses. Non sans énergiquement contester les montants avancés par la Bicis. Selon lui, il notait au fur et à mesure les sommes qu'il retirait et le montant total s’élève à trois millions. Sur le procédé utilisé, il a nié la version donnée par l'accusation. Pour lui, il opérait un deuxième retrait dans les comptes des clients qui oubliaient leur carte sur place. Pour la défense, la Bicis ne doit pas profiter de la bonne foi de son client pour effacer tous les dysfonctionnements commis par d’autres. Selon elle, même si aucun doute n'est permis sur la culpabilité du prévenu, il n'en est pas de même sur sa responsabilité exclusive et sur les montants. Là où la défense a demandé une application bienveillante de la loi, le procureur a requis une peine ferme de trois ans et la partie civile la somme de 10 millions de francs Cfa pour tous les préjudices subis. Le mis en cause selon la défense, travaille pour la banque depuis quatre ans sans être titularisé et avec un salaire d'un peu plus de 100.000 f Cfa. Par Mbaye SAMB (Walfadjiri),

>>> La miss métisse de Moïse ne plaît pas à tout le monde
La beauté semble dépendre des critères de Moïse. Anna Marie Asthier est la nouvelle Miss Fatick. Elle a été élue le 17 avril dernier et devra à ce titre représenter la région lors des prochaines joutes nationales. D’après plusieurs personnes qui ont assisté à son sacre au campement les Pélicans de Ndangane Sambou, la Miss du Sine est une vraie reine de la beauté. C’est une belle fille métissée et elle a toutes les qualités pour succéder à Kadiatou Guèye, l’actuelle détentrice des couronnes de la beauté sénégalaise. Et d’offrir ainsi à la région de Fatick son tout premier titre de Miss Sénégal. Seulement, sa légitimité est contestée. Et des voix se lèvent pour dénoncer la manière dont Melle Asthier a été élue. Anna Marie Asthier n’a pas participé aux concours préliminaires qui ont abouti à la désignation des représentantes des huit communes de Fatick, devant concourir pour le titre régional. Venue assister au concours, la charmante jeune fille n’a pas laissé indifférents les organisateurs de la manifestation. Au point que, remarquant ses attributs avantageux par rapport aux filles qui sont sur le podium après s’être imposées lors des présélections, le président du Comité national de l’élection du Miss Sénégal, Moise Ambroise Gomis décide tout simplement de la faire défiler. «Au début, quand elle a été choisie, ça a créé un tollé dans la salle, relate Omar Seck, membre du comité régional. Mais c’est le président du Comité national qui en décidé ainsi parce que, dit-il, le règlement le lui permet. On ne peut que se plier à sa décision, poursuit M. Seck joint hier au téléphone. C’est le jury qui l’a notée librement, ni les miss ni les accompagnatrices n’ont pas bronché, elles l’ont laissée défiler.» Cependant Bineta Thiam, accompagnatrice de la Miss Djoffior qui dénonce vigoureusement l’irrégularité de l’élection de Anna Marie Asthier, déclare : «On nous a fait comprendre qu’elle ne participait pas au concours des Miss mais devait prendre par au défilé des mannequins.» Elle précise que Melle Asthier a été initiée à la démarche et à la bonne tenue dans les coulisses. Mais quelle ne fut leur surprise de la voir sur le podium, dérouler sa grâce. La neuvième candidate «improvisée» va finalement remporter largement l’adhésion du jury. Bineta Thiam, par ailleurs Miss Fatick 1998, soutient que la beauté de la «Miss élue par Moïse et non par le Jury» est ne fait l’ombre d’aucun doute. Mais, il s’agit, selon elle, d’un manque de respect et de considération envers les candidates légitimes en particulier et envers les populations de Fatick d’une manière générale. D’autant que, poursuit Bineta Seck, «Moïse a cherché à les narguer sur un ton condescendant en avançant que Fatick ne s’est jamais illustrée au plus haut niveau dans l’histoire de Miss et pour cette raison, il a choisi Anna Marie Asthier». Et Malgré cette bonne intention, Bineta Seck souligne que les choix doivent se faire de la façon la plus légitime et régulière car, après tout, il ne s’agit point de rivalité malsaine. Joint au téléphone Moïse Ambroise Gomis dit ne pas vouloir verser dans la polémique. Il soutient cependant que les «candidates avaient un niveau très faible». Tant du point du point de vue «académique que d‘autres critères comme la taille». Devant ce constat, M. Gomis dit avoir proposé à la «très belle fille de défiler». Car, argue-t-il, «il est de notre devoir de relever le niveau du concours». L’organisateur du concours Miss Sénégal et par ailleurs animateur de télé se dit être «en conformité avec les textes puisqu’ il est certifié que Anna Asthier est originaire de la région de Fatick et a manifesté le désir de participer à l’élection de Miss». Ambroise Gomis soutient également que le comité régional d’élection de Miss Fatick n’a pas visité le village de la jeune fille, Keur Samba Dia.Anna Marie Asthier est belle. C’est la seule chose sur laquelle les protagonistes de cette polémique sont d’accord. En choisissant la jeune métisse, le président du Comité national Miss Sénégal «veut donner toutes ses chances à cette région». Mais peut-on faire le bonheur des gens malgré eux ? C’est là, toute la question de l’ irrégularité du choix de Miss Fatick 2004. Abdou Rahmane Mbengue (Le Quotidien)

>>>> Le dur métier de journalier à Dakar
Des masses humaines longeant les deux cotés de la route. Les uns sont assis sur des bancs de fortune, les autres debout, discutent dans le calme. Vu de loin, on est assailli par mille interrogations. Surtout qu’en cette période, le soleil brille de mille feux, le vent charrie du sable, offusquant parfois la vue. Le temps n’est guère clément. Mais de près, on change d’avis, face à ces personnes nippées de façon modeste, pour la plupart en jeans et d’une légère chemise. Ce sont des demandeurs d’emplois. Habitués des lieux, ils peuvent, au premier coup d’œil, reconnaître celui qui n’est pas des leurs. Le quidam qui débarque est foudroyé du regard. Dans ce milieu, il existe une forte concentration de sociétés. Nma Sanders, Biscuiteries Wehbé ou encore Sips sont entre autres sociétés existant dans cette zone, sur la route de Rufisque. Avec les sempiternels rassemblements la journée et les longs fils de personnes le matin, la main d’œuvre est à portée de main pour ces sociétés. Ces demandeurs d’emploi atypiques sont les premiers à s’informer des périodes pendant lesquelles certaines usines ont besoin de travailleurs. Ainsi, il n’est guère rare de voir certaines personnes faire le tour de plusieurs entreprises dans la journée. A la recherche unique de ce fameux «job». Pour beaucoup, ils sont les produits de l’exode et pour d’autres, l’absence de qualification est la cause de leur présence à la porte des usines. Appelées de façon vulgaire «journaliers», ces personnes servent le plus souvent de pièces de rechange aux usines, auxquelles ils ne sont liés par aucun contrat de travail. Le bulletin de salaire, ce n’est pas leur problème. Tous les jours, ils se présentent à l’entrée d’une de ces usines. Spontanément parfois. «Je n’ai pas d’heure fixe de pointage, ça dépend de moi, je peux venir, à 8h comme je peux arriver à 10h», affirme Saliou Ndiaye, un jeune de 25 ans, journalier à Nma Sanders, une usine spécialisée dans la fabrication d’aliments de bétail. Originaire de la région de Diourbel, Saliou est venu à Dakar, il y a deux années de cela. Dans son Baol natal, le jeune homme a travaillé comme paysan. Il espérait accroître ses revenus en venant à la capitale. Mais à l’heure actuelle les espérances du jeune Saliou sont en totalité revues à la baisse. Une journée de travail ne suffit jamais à combler les besoins du quotidien. N’empêche qu’arriver à la maison avec trois mille francs, c’est toujours une bonne journée pour un journalier. «Le matin quand je quitte la maison, c’est toujours pour dire que je vais au boulot alors que je suis réduit à faire les cent pas dans les usines», lance Abdou Cissé sous le regard affirmatif de ses compagnons d’infortune. Et dans la semaine, il est rare pour un journalier de se taper trois jours de travail. Souvent, ils peuvent repartir bredouilles, sans travail et sans le sou. Pourtant, certains de ces travailleurs restent des supports, voire des soutiens de famille. «Ma famille qui est à Kaolack croit que je suis en train de travailler alors que tel n’est pas le cas. Mais je fais de mon mieux pour leur envoyer quelque chose la fin du mois», confie Abdou, très discret. S’ils sont pour la plupart originaires des autres régions du pays, certains d’entre eux sont de jeunes mariés. Comme Amadou Diao qui, lui, vit avec sa femme à Thiaroye. Dépense quotidienne, frais de logement et nourriture restent les principaux problèmes auxquels il fait face. Comme tout bon père de famille. Les journées de vaches maigres sont toujours difficiles à vivre pour le jeune homme. Mais, «Ma femme est très sensible à ma situation et quand je rentre les poches vides, elle ne dit rien», confesse-t-il, sous un ton qui cache mal le mécontentement qui l’habite. Loin de se réduire à un quelconque désespoir, Amadou pointe plutôt un doigt accusateur au mode de recrutement pratiqué par les sociétés. LA RENTE DE L’ANCIENNETE Etre recruté dans une usine n’est pas toujours chose acquise pour ces jeunes travailleurs dont certains ont réussi à se faire connaître des recruteurs. Ce sont les journaliers fixes. Un statut qu’ils peuvent détenir des années durant. Assis sur l’unique banc existant à la porte des Biscuiteries Wehbé, Sagna fait l’objet de sollicitation de la part des autres demandeurs d’emploi. De petite taille, une casquette bleue bien vissée sur la tête, Sagna est devenu une star dans le groupe. Il accède facilement à l’intérieur de l’usine, détient les bons renseignements et se charge parfois du recrutement de certains des journaliers. Son ancienneté dans la boîte lui donne ces faveurs. Pour les derniers arrivés, c’est la croix et la bannière. Aussi, les chefs de services chargés de faire le recrutement ont des préférences par rapport aux travailleurs. La ségrégation est réelle dans le mode de recrutement. «Si tu réussis à te faire connaître, tu n’auras pas beaucoup de problèmes à être recruté mais quand on ne te connait pas il vaut mieux prendre son mal en patience», se désole Saliou Ndiaye de la Nma Sanders. «Parfois il arrive que je reste à Thiaroye et que je trouve un petit travail dans une autre société», ajoute le jeune Saliou, tout souriant. Afin d’éviter d’être taxés de fainéants ou de paresseux, ces jeunes ne veulent surtout pas rester dans les concessions. Même s’il arrive des fois que sortir de la maison pour aller dans les usines soit un risque. Ils s’exposent, en effet à de grandes difficultés liées au transport et à l’alimentation. C’est toujours avec le ventre vide qu’ils quittent les maisons pour espérer être parmi les premiers. «Il m’arrive de rester ici de 8 à 16 heures sans m’alimenter, c’est seulement arrivé à la maison que je mange quelque chose», confie Amadou Diao. Et pour ce jeune marié, il n’est guère rare qu’il marche de l’usine à Thiaroye. Les cinquante francs pour payer le transport entre l’usine et son lieu d’habitation ne sont pas toujours disponibles. Et, c’est dans le besoin que la débrouillardise est plus mise à profit. Situation oblige, certains comme Abdou Cissé trouvent d’autres créneaux face à leur «mal» en vendant des boubous et pantalons à l’entrée même des usines. Dans une telle situation faite d’attente, de galère et de difficulté financière, les chercheurs de travail ne cessent de plonger dans un endettement chronique et perpétuel. Les jeunes mariés sont les plus touchés. D’aucuns subissent parfois des pressions au sein même de leur ménage. «J’ai la chance d’avoir une femme qui comprenne ma situation et si c’était une autre femme, cela pourrait même se terminer par un divorce», lance convaincu Amadou Diao. Qui peut dire le contraire dans notre société actuelle où les femmes lorgnent souvent du côté des maris riches et bien placés ? Par Maguette NDONG (Le Quotidien)

>>>> Assises des combattants du Mfdc : farce des Diamacoune
Une bonne dose de farce et de mauvais goût. Voilà ce que sont en train de servir, depuis le 1e mai au Stade Aline Sitoé Diatta de Ziguinchor, l’Abbé Diamacoune Senghor et son frère Bertrand. Les assises des combattants du Mfdc, convoquées par le président du Mfdc, dans sa lettre datée du 10 août dernier, et adressée à tous les chefs des différentes factions rebelles, ne sont que du bluff. Car, en lieu et place de combattants encore actifs dans le maquis, c’est plutôt une centaine de vieillards qui ont été présentés au stade. Pouvait-il en être autrement ? Dès la réception des invitations de leur président, tous les grands dignitaires du maquis que sont Salif Sadio et Sésar Atoute Badide, commandant respectivement le quartier général du maquis et le camp Cassolol -tous deux dans le front Sud- ou encore Kamoughé Diatta, Faye Diatta et Magne Diémé, chefs des trois principales factions du front Nord, ont rejeté en bloc le mot d’ordre ces convocations, comme s’ils s’étaient passés. Une manière pour eux de signifier à leur leader historique leur refus de participer à ces «folklores», explique une de nos sources proches du maquis. «Nous ne voyons pas l’intérêt d’organiser de telles assises d’autant plus que celles d’octobre dernier avaient été considérées par l’Abbé comme étant les dernières devant nous conduire autour de la table des négociations avec le gouvernement», a déclaré un responsable du Mfdc, proche du maquis, pour expliquer les raisons du refus des maquisards à prendre part à ce qu’il qualifie de «folklore». Pour lui, l’urgence aujourd’hui, c’est d’essayer de concrétiser, avec le gouvernement, ce qui avait été arrêté lors des derniers conclaves tenus du 6 au 8 octobre dernier au Cdeps de Ziguinchor et auxquels avait pris part ,selon lui, l’aile combattante du Mfdc. En tout cas, l’attitude des combattants vis-à-vis de leur chef historique suscite plusieurs interrogations, selon certains observateurs, eu égard notamment aux termes de références de la lettre d’invitation de Diamacoune. «Je demande à tous les combattants qui se réclament de mon autorité» de participer à ces assises, avait écrit le prélat dans sa missive. Ainsi les questions qui s’imposent aux yeux de ces observateurs est de savoir si ce refus catégorique de tous les combattants, de prendre part aux assises, ne signifie pas qu’aucun combattant ou du moins aucun des chefs de factions ne se reconnaît de l’autorité de Diamacoune ? Si tel était le cas, sur quoi repose aujourd’hui la légitimité de Diamacoune en tant que président du Mfdc à même de nommer et de révoquer qui il veut ? En outre pour certains des observateurs, la convocation de cette rencontre est comme une façon pour l’Abbé et son frère Bertrand de tester leur représentativité dans le maquis comme dans l’aile civile au lendemain du limogeage de Jean-Marie François Biagui du poste de secrétaire général du Mfdc par le président dudit mouvement. Est-ce à dire que Diamacoune est aussi désavoué par les militants du Mfdc si bien qu’il n’a pu mobiliser que cette centaine de vieillards (hommes et femmes confondus) ? Ou est-ce alors le Mfdc qui est tout simplement débouté par les Casamançais ? «De toute façon, Diamacoune et Bertrand n’ont qu’à assumer leur mise en scène en toute responsabilité car tout ce qu’ils arrêteront n’engagera qu’eux», prévient notre interlocuteur qui se félicite que «l’Etat ait refusé de financer» ces travaux. Ils soutiennent qu’actuellement le peuple casamançais est suffisamment sensibilisé et a pris conscience de la nécessité d’aller très vite à la paix. Et c’est fort de ce constat que, selon certains observateurs, la jeune génération du Mfdc a décidé de se passer de Diamacoune et de travailler à ramener la paix au plus vite pour abréger les souffrances des populations. Mais celle-ci devra faire avec le jeu des frères Diamacoune qui usent de dilatoire pour retarder l’échéance des négociations avec le gouvernement qu’ils redoutent tant à cause de leur incapacité à tenir leurs promesses d’apporter l’indépendance à la Casamance. Accusations gratuites ou vérité cartésienne ? En tout cas, Abbé et Bertrand tiennent à leurs assises comme à la prunelle de leurs yeux. Et contre-vents et marées, ils ont réussi à organiser leurs assises. Lors de la cérémonie d’ouverture, Bertrand, présentant à l’Abbé, arrivé au stade à 18h 05 mn, la centaine de personnes du 3e âge confinées dans la loge officielle, déclare : «le peuple casamançais est là devant toi». Mais se rendant très vite compte de l’insignifiance du nombre de personnes présentées, le secrétaire à l’animation et à l’organisation s’empresse d’expliquer que si beaucoup sont absentes, c’est parce qu’aujourd’hui est un jour saint pour les musulmans comme pour les chrétiens. Il n’en exprime pas moins sa déception de constater le boycott général de tous les combattants en déclarant : «celui qui se réclame de vous devait être là car ton appel est motivé par la paix, le pardon et la réconciliation». Et d’indiquer que «l’occasion était là aujourd’hui pour vous et pour eux de manifester et d’exprimer votre volonté de paix». Tout chose qui allait, selon Bertrand Diamacoune, faciliter à l’Abbé la tâche quand il ira rencontrer le gouvernement pour des négociations devant conduire vers une paix définitive en Casamance. Par ailleurs, Bertrand s’est évertué à expliquer aux militants du Mfdc présents au stade Aline Sitoé Diatta la garde dont fait l’objet le président du Mfdc au niveau du Centre des œuvres catholiques qui lui sert de domicile. «Diamacoune est libre de tout mouvement. Il peut aller où il veut, quand il veut et comme il veut. Donc, il n’est pas en résidence surveillée. Seulement son statut d’autorité impose qu’il soit gardé à l’instar de toutes les autorités du pays», a-t-il signifié à ses «frères» du Mfdc. Auparavant dans la matinée du samedi, Bertrand Diamacoune avait prévenu le peuple sénégalais et casamançais en particulier. «Puisque, dit-il, j’ai demandé aux combattants qui se trouvent dans le maquis de sortir sans arme, je ne veux pas qu’ils soient inquiétés le moindre du monde par qui que ce soit. J’ai demandé en conséquence à ce qu’il y ait le maximum de sécurité dans la région et principalement dans la commune car le moindre incident sera irréparable m’ont averti les combattants», avise Bertrand. Intervenant à sa suite, l’Abbé a plaidé pour des retrouvailles et un dialogue franc entre ses «frères», afin de refaire l’unité de leur mouvement, condition sine qua non d’un retour rapide de la paix par lequel passera inexorablement le développement économique et social de la Casamance. Il indique que les saboteurs de la paix répondront de leurs actes devant Dieu, l’histoire et les Casamançais. Pour sa part, il exhorte ses «combattants» à la discipline. «Ne tirez jamais les premiers. Ne réagissez qu’en cas de légitime défense», conseille-t-il, ajoutant que la Casamance ne voulait pas la guerre. Cette guerre, selon lui, lui a été imposée. Pour y mettre fin, Diamacoune a demandé comme d’habitude le retrait des soldats des différents cantonnements militaires pour les confiner dans les camps militaires de Ziguinchor, Bignona et Kolda, les seules qui existaient avant 1982, date de déclenchement de la crise. Par Aliou CISSE (Le Quotidien).

>>>> Mosquées : un appel le matin ça va, plus bonjour les dégâts
VIE RELIGIEUSE À DAKAR : Quand le «nodd» vire à la «nuisance sonore».
C’est un secret de polichinelle, les appels à la prière ne sont plus contrôlés à Dakar et dans ses quartiers périphériques. Si à la zawiya El Hadji Malick Sy du Plateau, on se contente de deux «nodd» le matin, à Sacré Cœur III et II, les habitants ont droit à quatre appels tous les matins. De nombreuses voix s’élèvent aujourd’hui pour réclamer un rappel à l’ordre. Mais vu le caractère sensible de la question, difficile de vouloir imposer une décision à des centaines de mosquées qui jouissent d’une certaine autonomie. Ahmad Kanté imam de l’université de Dakar souligne que le régime laïc de notre pays y est pour quelque chose. «Mais à mon avis, les politiques peuvent saisir les organisations religieuses pour mettre un peu d’ordre sur la véritable anarchie que sèment certains muezzins». L’avocat Amadou Lamine Sall qui reconnaît qu’au- delà de minuit la loi demande qu’on diminue les sonorités, explique le «vide juridique» dans ce domaine par le fait que le premier Président sénégalais était un non musulman. «Vous comprenez donc pourquoi il ne pouvait pas légiférer pour réglementer l’appel à la prière», argumente-t-il. Néanmoins Ahmad Kanté pense que l’Islam doit être débarrassé de certaines pratiques traditionnelles qui lui font mauvaise presse. Il rappelle que depuis l’aube de l’Islam l’appel à la prière a été réglementé. L’Imam précise ainsi que seuls deux appels sont autorisés par la jurisprudence islamique. Le premier pour annoncer l’heure de la prière et le second (appelé iqaam) tout juste avant la prière. «Malheureusement, force est de constater que nous assistons à une véritable inflation d’appels à la prière», se désole-t-il. Et l’imam Kanté de se réjouir de l’organisation et de la méthode qui règnent dans la mosquée de l’université de Dakar avec des appels à la prière qui respectent les enseignements du Prophète de l’Islam. Rappelant la réglementation de toutes les pratiques cultuelles dans la religion, Kanté affirme qu’aucun désordre ne caractérise la mosquée de l’Ucad dans ce domaine. Pour Oustaz Sall prédicateur vedette de Sud Fm, ce qu’on voit aujourd’hui dans nos mosquées, n’est que la manifestation d’un fanatisme qui a pris le dessus sur le raisonnement logique qui, à ses yeux, n’est pas opposable à la religion. Selon lui, les nombreux appels vers 3 heures et 4 heures du matin sont injustifiés car «il y a des malades, des gens fatigués qui se reposent et même des non musulmans qu’il faut respecter dans leur foi». Aliou Sall rappelle que du temps du Prophète et de ses compagnons, il y avait un seul appel pour les prières de Tisbaar, Takussan, Timis et Gué. «Seule la prière de l’aube avait deux appels», souligne-t-il. Son point de vue est partagé par la plupart des Sénégalais qui assimilent maintenant les appels à la prière à une nuisance sonore. Dans certains quartiers de Dakar, de mauvaises boutades veulent même que ce soient les retraités qui ont passé leur jeunesse à transgresser les règles de la religion, qui passent pour les empêcheurs de dormir tranquillement, en appelant à la prière dès 3 heures du matin. L’ampleur de l’incompréhension des excès dans ce domaine est telle que les tentatives de mettre de l’ordre dans les mosquées passent souvent inaperçues. Pourtant Dieu sait que dans certains lieux de culte, des règles strictes sont observées, au grand bonheur des riverains et des fidèles. À la «zawiya» El Hajdi Malick Sy fondée en 1905 et située au cœur de Dakar, il n’y a aucun désordre, selon l’Imam Mamadou Seck Diop. Ce dernier souligne qu’un seul appel est effectué pour chaque prière. «Nous avons trois principaux muezzins et chacun sait l’heure à laquelle il doit appeler à la prière», ajoute-t-il. À Touba, la grande mosquée est même dotée d’une puissante sonorisation qui permet aux fidèles de se rendre compte de l’imminence de l’heure de la prière. Après trois sons de cloche, le muezzin appelle à la prière une seule fois. Pour la prière de l’aube, il y a un premier appel vers 5 heures du matin, suivi d’un autre au moment de la prière. À Saint-Louis, le gouverneur Ibrahima Faye avait tenté une réglementation des mosquées en 1974. Mais, les populations avaient mal interprété son dessein. Néanmoins, aujourd’hui le problème des appels «intempestifs» est réglé dans la Grande mosquée de la vieille ville située à Lodo, avec des appels organisés de telle sorte que les populations ne soient pas perturbées dans leur sommeil. Au total, l’appel à la prière semble aujourd’hui détourné de sa vocation originelle et dérive de plus en plus vers l’anarchie. Il est même devenu une véritable pollution sonore selon certains. Il appartient donc aux docteurs de la loi musulmane, à la communauté de croyants et aux pouvoirs publics de le réglementer. Les signes de progrès notés dans certaines zones de la capitale sénégalaise et dans les capitales religieuses y contribueront peut-être. Par Serigne Saliou SAMB (l'Observateur).

 

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