LA REVUE DE
PRESSE DE LA SEMAINE Du plus drôle au plus anecdotique
>>>>
Les mille petits noms de l'amour sénégalais.
Cadre dans une société
de la place, cet homme se contentait d’appeler sa femme, «madame
N.», une sorte de déformation professionnelle acquise
au bureau, jusqu’au jour où la deuxième a fait
son entrée avec ses «fème». «Vous
savez, les premières sont souvent pudiques, contrairement
aux deuxièmes qui ont plus d’un tour dans leur sac
et qui n’hésitent pas à en user pour nous amener
à nous plier à leurs désirs». Les petits
mots comme «papa chéri, mon chou», ce bonhomme
ne les entendra qu’avec sa deuxième épouse.
Encore célibataire, celui- ci a tout un chapelet de surnoms,
en fonction des copines. Dans le lot, il dit souvent «ma biche,
mon chou, bébé chéri, ma fleur». En retour,
les nanas lui servent du «papa», avec une délectation
dans la voix qui ferait pâlir le plus zen des hommes. D’autres
s’amusent à dire «mon cœur», assez
joli comme appellation, mais trop anodin pour faire croire une seconde
que le cœur de celle qui le dit bat pour lui seul…mais
pour reprendre certains, «sudé ay nax sax néx
na». Ces histoires de surnom sont trop
superficielles, nous dit cet informaticien, 25 ans. Cependant, il
aime bien répéter mon «cricri» comme dans
«Hèlène et les garçons». Mais n’allez
pas penser qu’il en croit un mot. «À mon âge,
je n’ai que des passades, je dis cela pour m’amuser»,
précise-t-il. Amoureux fou de son épouse, celui-là
n’est pas loin de penser qu’il a inventé l’amour.
Au cours d’une promenade nocturne, inspiré par les
vagues sur la baie de Soubédioune, il a trouvé ce
surnom : «Dabis». «Je suis le seul autorisé
à l’appeler ainsi, même son père n’en
a pas le droit». Et puis quoi encore ? Pourtant, un intellectuel
de grande renommée, la quarantaine, D. S., rappelle qu’il
est un «vrai nègre». Comprenez que les nom et
prénom suffisent. Ce charmant jeune homme a dû passer
des heures avec des bouquins pour dénicher son expression
plutôt longue, mais mignonne : «l’étoile
au bord de l’arc-en-ciel bercé par la mer». Ouf…Quinze
ans, F. Fall, en classe de cinquième, a inventé «Shori»
pour les beaux yeux de sa douce moitié. Adepte de livres
à l’eau de rose, cette jeune fille aime souffler aux
creux de l’oreille de sa tendre moitié, «mon
roudoudou». Bizarre, non ? L’expression vient d’une
copine qui a fait un long séjour au Gabon. Allez savoir ce
que cela signifie ! L’important est dans la symbolique, non
dans la sémantique.Revendiquant son non-romantisme, F. S.
qui est maigre comme un clou est fou de son mec qui fait trois fois
son poids et sa taille. «J’aime bien l’appeler
mon grand tigre». Encore que pour être grand devant
elle, on n’a pas besoin de se soumettre au même régime
que Yékini ! Fan de Daniel Stell, B. K., étudiante,
a piqué dans un best-seller ces trois mots qui vont à
son chou comme un gant : «mon vif argent». No comment
! Dans la mêlée, d’autres nous ont cité
des formules typiquement sénégalaises que nous nous
garderons de traduire : «sama amul bayi, sama karawu bakan,
niaak la torox, sama luné funé, sangue bi, ku bax
ki, Serigne bi». Parole de mec, on vous donne en mille celle
qui fait fondre les femmes : «yaay boy». Pauvres mamans
rudement concurrencées par les conquêtes de leurs rejetons.Mais
dans toute cette histoire, une formule pourrait résumer la
compréhension particulière des mecs : «l’amour
et les hommes, c’est de beaux mots avant, de grands mots pendant
et de gros mots après». Pour les femmes, c’est
la tendresse assurée, sauf si on nous donne de bonnes raisons
de sortir de nos gonds ! Parce que ce sont des stars, elles doivent
en avoir d’assez spéciaux, de petits noms, pour accrocher
les élus de leurs cœurs… : Golbert
Diagne«J’ai fait trois pèlerinages à La
Mecque et j’ai trois épouses qui m’appellent
toutes Ass ou El Hadji Ass. Quand je m’adresse à la
première, je dis maman ou Yaye boy. Pour la deuxième,
je dis Fifi, comme ma fille ou ma petite fille et la troisième
répond à Ndèye ou Bijou». Avec trois
élues pour un seul cœur, on se demande si le grand comédien
ne s’y trompe pas. «Jamais, répond-il. Je suis
un journaliste, donc une personne équilibrée»
(ce n’est pas évident). À la recherche d’une
quatrième épouse, Golbert apprend aux intéressées
qu’un appel d’offres a été lancé
sur sa radio. Celle qui aura la chance de gagner le «marché»
aura l’insigne honneur de se faire appeler « Trésor
». C’est dans la caverne d’Ali Baba qu’il
lui faut aller chercher çui- là. Ce sera un surnom
mérité et durement payé, puisque la quatrième
est tenue d’apporter une dot consistante. «Je suis une
vedette maintenant et je coûte cher», lance Golbert
Diagne.Cela change un peu, que les hommes deviennent à leur
tour des « marchandises ». Yékini, nouveau roi
des arènes Sur le portable de Yékini, nous tombons
sur un interlocuteur qui semble être son conseiller en communication.
Au troisième coup de fil, il répond dans un français
approximatif : «nous sommes désolés, mais le
lutteur ne peut pas répondre à cette question. Il
doit d’abord faire sa revue de presse». Parcourir les
16 quotidiens sénégalais sans parler des hebdomadaires
pour savoir comment il surnomme sa femme, Yékini doit être
un époux bien particulier ! Comment trouve-t-il le temps
de s’entraîner ? Pour ceux qui connaissent sa fameuse
chanson El Hadji Ass, c’est sans surprise avec Titi : «Je
l’appelle Ass, il me nomme djabar». Sur le plan de l’inspiration,
le mari n’est pas à la hauteur. À moins que
Titi nous la joue secrètement.Politicien chevronné,
Abdoulaye Makhtar Diop sait lire derrière les lignes : «En
toutes circonstances, on m’appelle par mon nom. Même
durant les moments les plus langoureux et intimes. J’espère
que cela répond à vos sous- entendus ?» Sun
Sène, actrice : «Selon mon humeur, je dis Taaw, Bakh
yaye, Gorou djambour, Nidjaye, Sama aladji, Chéri…
». Décidément, tous les petits noms sont dans
la nature ! Entretien avec Malick Ndiaye, sociologue «Il y
a là un camouflage de perte de culture» Il y a une
vingtaine d’années, c’est en privé que
les petits noms étaient prononcés, avec une teinte
à peine licencieuse, note le sociologue Malick Ndiaye. Mais
avec les nouvelles technologies de l’information, les jeunes
font preuve d’ingéniosité et n’hésitent
pas à verser dans le néologisme en associant le Wolof
à l’Anglais, au Français et à l’Américain
… Avant on disait «nidjane», «soxna si»,
maintenant on entend «laxass», «guel bi»,
bébé, «thiouks»… Quelle explication
sociologique donner à ce changement dans le langage des petits
noms ?Dans la société, il y a des milieux répressifs
comme dans le domaine des pratiques religieuses, à l’université,
dans la famille. Il y a par ailleurs d’autres domaines qui
sont laissés à l’interprétation de chacun
et où l’intimité jouant, la poésie reprend
ses droits. Ainsi Eros prend son envol. Les fiancés, concubins
et époux se nomment de façon plus libre que ce que
la société d’ordinaire tolère. Mais c’est
en privé que les petits noms étaient dits avec les
pointes à peines licencieuses. Tandis que le domaine public
était celui des conventions. Mais cette dualité entre
société répressive et intimité libertaire
n’est pas nouvelle. Avec l’urbanisation, l’instruction
et l’information, les habitudes se sont modifiées à
tel point que des appellations qui ressortaient du domaine privé
ou intime font maintenant la une des journaux ou sont prononcées
sans gêne. Ce qui veut dire qu’il y a une modification
de la conscience moyenne des Sénégalais, qui est devenue
plus tolérante ou plus licencieuse. À quoi convient-il
de référer ce changement ?Je pense que cela vient
du fait que nous avons affaire à une population jeune qui
invente beaucoup de mots nouveaux, avec des formules associant français,
anglais, wolof, américain… Bref, il y a une ingéniosité
de notre jeunesse qui a produit des noms comme thiouks, meuf, chéri.
À ce niveau, la chanson a joué un grand rôle
d’avant-garde. Dans les années 60, on trouve la grande
chanteuse Mada Thiam qui, la première, a transféré
dans le domaine public, des choses privées, à la limite
intimes. Elle disait de son mari Lay Niakh, «toukel guelem,
mbam meneuko def». À l’époque, Mada Thiam
avait réussi à casser littéralement l’ancienne
pudeur et lui avait substitué quelque chose qui annonce un
peu «mbarass». Et donc, il y a là, dans le langage
symbolique de la chanson, non seulement, l’acceptation de
l’amour, des sentiments, des passions vives, comme dimension
de l’être, mais dans un cadre public. Nous avons aussi
les chansons de Kiné Lam, avec Dogo. Ainsi, la veille conscience
répressive issue des Serignes, et des Daaras, qui envahit
les sociétés avec reconnaissance des faits de minorités.
On a notamment vu les homosexuels avoir le courage de faire des
manifestations, la pédophilie être dénoncée,
les minorités de castes assumer leur être de caste.
Comme quand l’autre dit «ma ñak sama ndéye
nguéwela neex… » Comment expliquer que la femme
ne résiste pas à «yaay boy» ? Yaye boy
n’est pas un propos de dragueur ou de tombeur des filles.
C’est plus une appellation teintée de sentiments filiaux.
Donc c’est l’amour non charnel qu’il y a dans
Yaay boy, cela veut dire qu’il y a une infiltration de certains
concepts par une nouveauté qui a du mal à trouver
son langage propre. Notre société bouge et s’empare
de nos anciennes façons de parler pour exprimer ses angoisses
du moment. Mais jusqu’où doit-on considérer
que les langages des marginaux sont des signes d’un bien-être
souhaitable, ou bien l’expression d’un déclin
de la culture ? À votre avis, ce langage nous fait-il oui
ou non progresser ? Cette exubérance de langage et ces profusions
de termes nous font penser qu’il y a quelque chose qui se
passe, mais quoi ? L’abus de mots nouveaux, de néologismes,
pourrait cacher des carences d’évolution culturelle
qui créolisent le langage et pénalisent les consciences
religieuses ou autres. J’ai peur qu’il y ait là
un camouflage d’une perte de culture. On peut se faire bien
comprendre par les interlocuteurs sans employer des mots extravaguants
ou des constructions anarchiques. Par Hadja Diaw Gaye (l'Observateur).
>>>>
Le Sénégal aide les pauvres laotiens
Une dizaine de jours après que le président
de la République a présidé le Conseil présidentiel
contre la fraude douanière, la première candidature
à l’élection de 2007 est déclarée
: responsable de l’Unacois, Alla Dieng entend se faire confier
les destinées du pays. Il veut devenir le chef suprême
des armées, celui qui nomme aux emplois civils et militaires,
décide des orientations économiques… Il est
vrai qu’on est au Sénégal, pays où plus
rien ne surprend, mais il faut avouer que celle-là est pour
en boucher un coin au plus blasé des observateurs. Quelque
part dans Dakar, coincé dans l’embouteillage, envahi
par des marchands ambulants qui proposent des allumettes venues
de la lointaine et froide Suède, des biscuits d’Indonésie,
des foulards de Hong-Kong, des ustensiles made in je-ne-sais-quel-bout-du-monde,
le regard serpente entre les babioles plaquées aux vitres,
pour entrevoir la une d’un journal : «85 milliards réclamés
aux barons du riz.» Qui tient le marché de tous ces
produits ? L’informel ! Il a bien raison, le sieur Dieng.
Il est devenu urgent de procéder à des élections
anticipées pour confier le pays à des mains expertes.
Pour qu’on termine plus rapidement le processus de transformation
du pays en gigantesque souk, qu’on ferme illico presto les
entreprises qui résistent encore aux importations de produits
étrangers… Il faut faire vite, pour que les rares maisons
familiales dont le garage n’est pas encore transformé
en magasins de vente de sous-produits, fassent comme les voisins…Quoi
? Tout le monde en est convaincu non ? Le combat national, l’œuvre
de portée patriotique ne consiste-t-il pas à noyer
le pays sous les importations ? Le riz de M. Cheng, notre plus-que-frère
Laotien, ne va pas quand même rester en souffrance quelque
part à Tonkin, alors qu’on peut le lui vendre ici ?
Mamadou, le producteur de Dagana, ne va quand même pas s’en
faire. Tiens, il pourra toujours attendre. D’ailleurs, lorsque
Mor, le-grand-commerçant, aura accumulé des bénéfices,
il pourra toujours l’embaucher en qualité de chauffeur
de la Mercedes de sa quatrième épouse. Que veut le
peuple ? Mais non ! Il n'y a personne encore pour croire que les
vrais complices du capital étranger, ce sont ceux qui écoulent
les produits venus de si loin. La Cafal de feu Babacar Niang ? Elle
n’a pas été cramée par les allumettes
suédoises. C’est sûrement la chaleur du soleil
qui l’a consumée. Hé, oh ! Sotiba ou pas, Nsts
ou je ne sais quelle Icotaf..., on ne va quand même pas se
rendre coupable d’ostracisme en préférant ce
qui est produit ici, comme ces Burkinabés avec l’idée
saugrenue de porter du tissu de leur propre coton. Dieu a dit :
Aime ton prochain ! Nous l’avons tellement compris, nous Sénégalais,
que nous commençons par notre … lointain. Préférence
na… quoi ? Vous voulez que nous laissions mourir de faim ces
pauvres agriculteurs d’Amérique et d’Europe,
nos frères belges, français, hollandais, allemands
et autres, avec de si maigres subventions ? Nous ne sommes quand
même pas des affameurs, nous autres Africains. Comme nous
savons ce qu’est la faim, avec l’Ethiopie et la Somalie,
nous préférons leur éviter cela. Nous savons
comment la supporter, la faim. Et puis, nous pourrons toujours compter
sur ces agriculteurs du Nord, pour nous envoyer leur production.
Et il se trouvera toujours un président de la République,
Son excellence Alla Dieng par exemple, pour aller demander une aide
d’urgence auprès de nos amis du Pakistan ou du Cambodge.
C’est ça la sécurité alimentaire : s’assurer
que ceux qui nous auront affamés, ne nous laisseront pas
crever de dalle. Par Abou Abel THIAM (Walfadjiri)
>>>>
Le banquier de Saly débite les cartes des touristes...
Ousmane S. Badji est préposé
à la caisse au terminal de paiement électronique.
De ce fait, le gros de ses clients est constitué d'étrangers
venus humer l'air de la station balnéaire de Saly. Dans certains
cas, le caissier opérait le retrait régulier demandé
par le client avant d'opérer dans le même compte un
autre retrait personnel à l’insu du client. Selon la
partie civile, le modus operandi du caissier est très simple.
Il introduit dans la machine la carte du client qui se présente
à lui pour opérer un retrait dans son compte. La machine
identifie le propriétaire et la banque internationale abritant
le compte. Cette première phase accomplie, il compose le
montant demandé par le client et qui passe automatiquement
si le compte est suffisamment approvisionné. Mais au moment
où la machine sort le ticket d'opération, le caissier
enchaîne avec une deuxième opération, illicite
celle-là. Ainsi, la machine sert deux tickets pour les deux
opérations. Le caissier prend l'identification du client
sur le premier ticket, le fait signer avant de lui remettre la somme
indiquée. Dès le départ du client, il remplit
le deuxième ticket en se référant au premier,
imite la signature du client et empoche l'argent. La Bicis a estimé
les sommes retirées illicitement par Ousmane S. Badji, de
décembre 2003 à mars 2004, à 9 millions 375
mille francs Cfa. Des demandes de justification ont commencé
à pleuvoir à la Bicis des banques internationales
qui faisaient suite à de multiples récriminations
des clients. C'est ainsi que la caisse d’O.S. Badji a été
placée sous surveillanceavant que des auditeurs ne descendent
sur place pour constater les malversations. Sur la base d'une plainte,
le caissier est épinglé et déféré
au parquet. Devant la barre du tribunal régional de Thiès
où il était attrait pour les délits d'abus
de confiance, escroquerie, faux et usage de faux, il a avoué
avoir fait des opérations frauduleuses. Non sans énergiquement
contester les montants avancés par la Bicis. Selon lui, il
notait au fur et à mesure les sommes qu'il retirait et le
montant total s’élève à trois millions.
Sur le procédé utilisé, il a nié la
version donnée par l'accusation. Pour lui, il opérait
un deuxième retrait dans les comptes des clients qui oubliaient
leur carte sur place. Pour la défense, la Bicis ne doit pas
profiter de la bonne foi de son client pour effacer tous les dysfonctionnements
commis par d’autres. Selon elle, même si aucun doute
n'est permis sur la culpabilité du prévenu, il n'en
est pas de même sur sa responsabilité exclusive et
sur les montants. Là où la défense a demandé
une application bienveillante de la loi, le procureur a requis une
peine ferme de trois ans et la partie civile la somme de 10 millions
de francs Cfa pour tous les préjudices subis. Le mis en cause
selon la défense, travaille pour la banque depuis quatre
ans sans être titularisé et avec un salaire d'un peu
plus de 100.000 f Cfa. Par Mbaye SAMB (Walfadjiri),
>>> La
miss métisse de Moïse ne plaît pas à tout
le monde
La beauté semble dépendre
des critères de Moïse. Anna Marie Asthier est la nouvelle
Miss Fatick. Elle a été élue le 17 avril dernier
et devra à ce titre représenter la région lors
des prochaines joutes nationales. D’après plusieurs
personnes qui ont assisté à son sacre au campement
les Pélicans de Ndangane Sambou, la Miss du Sine est une
vraie reine de la beauté. C’est une belle fille métissée
et elle a toutes les qualités pour succéder à
Kadiatou Guèye, l’actuelle détentrice des couronnes
de la beauté sénégalaise. Et d’offrir
ainsi à la région de Fatick son tout premier titre
de Miss Sénégal. Seulement,
sa légitimité est contestée. Et des voix se
lèvent pour dénoncer la manière dont Melle
Asthier a été élue. Anna Marie Asthier n’a
pas participé aux concours préliminaires qui ont abouti
à la désignation des représentantes des huit
communes de Fatick, devant concourir pour le titre régional.
Venue assister au concours, la charmante jeune fille n’a pas
laissé indifférents les organisateurs de la manifestation.
Au point que, remarquant ses attributs avantageux par rapport aux
filles qui sont sur le podium après s’être imposées
lors des présélections, le président du Comité
national de l’élection du Miss Sénégal,
Moise Ambroise Gomis décide tout simplement de la faire défiler.
«Au début, quand elle a été
choisie, ça a créé un tollé dans la
salle, relate Omar Seck, membre du comité régional.
Mais c’est le président du Comité national qui
en décidé ainsi parce que, dit-il, le règlement
le lui permet. On ne peut que se plier à sa décision,
poursuit M. Seck joint hier au téléphone. C’est
le jury qui l’a notée librement, ni les miss ni les
accompagnatrices n’ont pas bronché, elles l’ont
laissée défiler.» Cependant
Bineta Thiam, accompagnatrice de la Miss Djoffior qui dénonce
vigoureusement l’irrégularité de l’élection
de Anna Marie Asthier, déclare : «On nous a fait comprendre
qu’elle ne participait pas au concours des Miss mais devait
prendre par au défilé des mannequins.» Elle
précise que Melle Asthier a été initiée
à la démarche et à la bonne tenue dans les
coulisses. Mais quelle ne fut leur surprise de la voir sur le podium,
dérouler sa grâce. La neuvième candidate «improvisée»
va finalement remporter largement l’adhésion du jury.
Bineta Thiam, par ailleurs Miss Fatick 1998, soutient que la beauté
de la «Miss élue par Moïse et non par le Jury»
est ne fait l’ombre d’aucun doute. Mais, il s’agit,
selon elle, d’un manque de respect et de considération
envers les candidates légitimes en particulier et envers
les populations de Fatick d’une manière générale.
D’autant que, poursuit Bineta Seck, «Moïse a cherché
à les narguer sur un ton condescendant en avançant
que Fatick ne s’est jamais illustrée au plus haut niveau
dans l’histoire de Miss et pour cette raison, il a choisi
Anna Marie Asthier». Et Malgré cette bonne intention,
Bineta Seck souligne que les choix doivent se faire de la façon
la plus légitime et régulière car, après
tout, il ne s’agit point de rivalité malsaine. Joint
au téléphone Moïse Ambroise Gomis dit ne pas
vouloir verser dans la polémique. Il soutient cependant que
les «candidates avaient un niveau très faible».
Tant du point du point de vue «académique que d‘autres
critères comme la taille». Devant ce constat, M. Gomis
dit avoir proposé à la «très belle fille
de défiler». Car, argue-t-il, «il est de notre
devoir de relever le niveau du concours». L’organisateur
du concours Miss Sénégal et par ailleurs animateur
de télé se dit être «en conformité
avec les textes puisqu’ il est certifié que Anna Asthier
est originaire de la région de Fatick et a manifesté
le désir de participer à l’élection de
Miss». Ambroise Gomis soutient également que le comité
régional d’élection de Miss Fatick n’a
pas visité le village de la jeune fille, Keur Samba Dia.Anna
Marie Asthier est belle. C’est la seule chose sur laquelle
les protagonistes de cette polémique sont d’accord.
En choisissant la jeune métisse, le président du Comité
national Miss Sénégal «veut donner toutes ses
chances à cette région». Mais peut-on faire
le bonheur des gens malgré eux ? C’est là, toute
la question de l’ irrégularité du choix de Miss
Fatick 2004. Abdou Rahmane Mbengue (Le Quotidien)
>>>>
Le dur métier de journalier à Dakar
Des masses humaines longeant les deux cotés
de la route. Les uns sont assis sur des bancs de fortune, les autres
debout, discutent dans le calme. Vu de loin, on est assailli par
mille interrogations. Surtout qu’en cette période,
le soleil brille de mille feux, le vent charrie du sable, offusquant
parfois la vue. Le temps n’est guère clément.
Mais de près, on change d’avis, face à ces personnes
nippées de façon modeste, pour la plupart en jeans
et d’une légère chemise. Ce sont des demandeurs
d’emplois. Habitués des lieux, ils peuvent, au premier
coup d’œil, reconnaître celui qui n’est pas
des leurs. Le quidam qui débarque est foudroyé du
regard. Dans ce milieu, il existe une forte
concentration de sociétés. Nma Sanders, Biscuiteries
Wehbé ou encore Sips sont entre autres sociétés
existant dans cette zone, sur la route de Rufisque. Avec les sempiternels
rassemblements la journée et les longs fils de personnes
le matin, la main d’œuvre est à portée
de main pour ces sociétés. Ces demandeurs d’emploi
atypiques sont les premiers à s’informer des périodes
pendant lesquelles certaines usines ont besoin de travailleurs.
Ainsi, il n’est guère rare de voir certaines personnes
faire le tour de plusieurs entreprises dans la journée. A
la recherche unique de ce fameux «job». Pour
beaucoup, ils sont les produits de l’exode et pour d’autres,
l’absence de qualification est la cause de leur présence
à la porte des usines. Appelées de façon vulgaire
«journaliers», ces personnes servent le plus souvent
de pièces de rechange aux usines, auxquelles ils ne sont
liés par aucun contrat de travail. Le bulletin de salaire,
ce n’est pas leur problème. Tous
les jours, ils se présentent à l’entrée
d’une de ces usines. Spontanément parfois. «Je
n’ai pas d’heure fixe de pointage, ça dépend
de moi, je peux venir, à 8h comme je peux arriver à
10h», affirme Saliou Ndiaye, un jeune de 25 ans, journalier
à Nma Sanders, une usine spécialisée dans la
fabrication d’aliments de bétail. Originaire
de la région de Diourbel, Saliou est venu à Dakar,
il y a deux années de cela. Dans son Baol natal, le jeune
homme a travaillé comme paysan. Il espérait accroître
ses revenus en venant à la capitale. Mais à l’heure
actuelle les espérances du jeune Saliou sont en totalité
revues à la baisse. Une journée de travail ne suffit
jamais à combler les besoins du quotidien. N’empêche
qu’arriver à la maison avec trois mille francs, c’est
toujours une bonne journée pour un journalier. «Le
matin quand je quitte la maison, c’est toujours pour dire
que je vais au boulot alors que je suis réduit à faire
les cent pas dans les usines», lance Abdou Cissé sous
le regard affirmatif de ses compagnons d’infortune. Et dans
la semaine, il est rare pour un journalier de se taper trois jours
de travail. Souvent, ils peuvent repartir bredouilles, sans travail
et sans le sou. Pourtant, certains de ces
travailleurs restent des supports, voire des soutiens de famille.
«Ma famille qui est à Kaolack croit que je suis en
train de travailler alors que tel n’est pas le cas. Mais je
fais de mon mieux pour leur envoyer quelque chose la fin du mois»,
confie Abdou, très discret. S’ils sont pour la plupart
originaires des autres régions du pays, certains d’entre
eux sont de jeunes mariés. Comme Amadou
Diao qui, lui, vit avec sa femme à Thiaroye. Dépense
quotidienne, frais de logement et nourriture restent les principaux
problèmes auxquels il fait face. Comme tout bon père
de famille. Les journées de vaches maigres sont toujours
difficiles à vivre pour le jeune homme. Mais, «Ma femme
est très sensible à ma situation et quand je rentre
les poches vides, elle ne dit rien», confesse-t-il, sous un
ton qui cache mal le mécontentement qui l’habite. Loin
de se réduire à un quelconque désespoir, Amadou
pointe plutôt un doigt accusateur au mode de recrutement pratiqué
par les sociétés. LA RENTE DE
L’ANCIENNETE Etre recruté dans
une usine n’est pas toujours chose acquise pour ces jeunes
travailleurs dont certains ont réussi à se faire connaître
des recruteurs. Ce sont les journaliers fixes. Un statut qu’ils
peuvent détenir des années durant. Assis sur l’unique
banc existant à la porte des Biscuiteries Wehbé, Sagna
fait l’objet de sollicitation de la part des autres demandeurs
d’emploi. De petite taille, une casquette
bleue bien vissée sur la tête, Sagna est devenu une
star dans le groupe. Il accède facilement à l’intérieur
de l’usine, détient les bons renseignements et se charge
parfois du recrutement de certains des journaliers. Son ancienneté
dans la boîte lui donne ces faveurs. Pour les derniers arrivés,
c’est la croix et la bannière. Aussi,
les chefs de services chargés de faire le recrutement ont
des préférences par rapport aux travailleurs. La ségrégation
est réelle dans le mode de recrutement. «Si tu réussis
à te faire connaître, tu n’auras pas beaucoup
de problèmes à être recruté mais quand
on ne te connait pas il vaut mieux prendre son mal en patience»,
se désole Saliou Ndiaye de la Nma Sanders. «Parfois
il arrive que je reste à Thiaroye et que je trouve un petit
travail dans une autre société», ajoute le jeune
Saliou, tout souriant. Afin d’éviter
d’être taxés de fainéants ou de paresseux,
ces jeunes ne veulent surtout pas rester dans les concessions. Même
s’il arrive des fois que sortir de la maison pour aller dans
les usines soit un risque. Ils s’exposent, en effet à
de grandes difficultés liées au transport et à
l’alimentation. C’est toujours avec le ventre vide qu’ils
quittent les maisons pour espérer être parmi les premiers.
«Il m’arrive de rester ici de 8 à 16 heures sans
m’alimenter, c’est seulement arrivé à
la maison que je mange quelque chose», confie Amadou Diao.
Et pour ce jeune marié, il n’est guère rare
qu’il marche de l’usine à Thiaroye. Les cinquante
francs pour payer le transport entre l’usine et son lieu d’habitation
ne sont pas toujours disponibles. Et, c’est dans le besoin
que la débrouillardise est plus mise à profit. Situation
oblige, certains comme Abdou Cissé trouvent d’autres
créneaux face à leur «mal» en vendant
des boubous et pantalons à l’entrée même
des usines. Dans une telle situation faite
d’attente, de galère et de difficulté financière,
les chercheurs de travail ne cessent de plonger dans un endettement
chronique et perpétuel. Les jeunes mariés sont les
plus touchés. D’aucuns subissent parfois des pressions
au sein même de leur ménage. «J’ai la chance
d’avoir une femme qui comprenne ma situation et si c’était
une autre femme, cela pourrait même se terminer par un divorce»,
lance convaincu Amadou Diao. Qui peut dire
le contraire dans notre société actuelle où
les femmes lorgnent souvent du côté des maris riches
et bien placés ? Par Maguette NDONG
(Le Quotidien)
>>>>
Assises des combattants du Mfdc : farce des Diamacoune
Une bonne dose de farce et de mauvais
goût. Voilà ce que sont en train de servir, depuis
le 1e mai au Stade Aline Sitoé Diatta de Ziguinchor, l’Abbé
Diamacoune Senghor et son frère Bertrand. Les assises des
combattants du Mfdc, convoquées par le président du
Mfdc, dans sa lettre datée du 10 août dernier, et adressée
à tous les chefs des différentes factions rebelles,
ne sont que du bluff. Car, en lieu et place de combattants encore
actifs dans le maquis, c’est plutôt une centaine de
vieillards qui ont été présentés au
stade. Pouvait-il en être autrement ? Dès la réception
des invitations de leur président, tous les grands dignitaires
du maquis que sont Salif Sadio et Sésar Atoute Badide, commandant
respectivement le quartier général du maquis et le
camp Cassolol -tous deux dans le front Sud- ou encore Kamoughé
Diatta, Faye Diatta et Magne Diémé, chefs des trois
principales factions du front Nord, ont rejeté en bloc le
mot d’ordre ces convocations, comme s’ils s’étaient
passés. Une manière pour eux de signifier à
leur leader historique leur refus de participer à ces «folklores»,
explique une de nos sources proches du maquis. «Nous ne voyons
pas l’intérêt d’organiser de telles assises
d’autant plus que celles d’octobre dernier avaient été
considérées par l’Abbé comme étant
les dernières devant nous conduire autour de la table des
négociations avec le gouvernement», a déclaré
un responsable du Mfdc, proche du maquis, pour expliquer les raisons
du refus des maquisards à prendre part à ce qu’il
qualifie de «folklore». Pour lui, l’urgence aujourd’hui,
c’est d’essayer de concrétiser, avec le gouvernement,
ce qui avait été arrêté lors des derniers
conclaves tenus du 6 au 8 octobre dernier au Cdeps de Ziguinchor
et auxquels avait pris part ,selon lui, l’aile combattante
du Mfdc. En tout cas, l’attitude des combattants vis-à-vis
de leur chef historique suscite plusieurs interrogations, selon
certains observateurs, eu égard notamment aux termes de références
de la lettre d’invitation de Diamacoune. «Je demande
à tous les combattants qui se réclament de mon autorité»
de participer à ces assises, avait écrit le prélat
dans sa missive. Ainsi les questions qui s’imposent aux yeux
de ces observateurs est de savoir si ce refus catégorique
de tous les combattants, de prendre part aux assises, ne signifie
pas qu’aucun combattant ou du moins aucun des chefs de factions
ne se reconnaît de l’autorité de Diamacoune ?
Si tel était le cas, sur quoi repose aujourd’hui la
légitimité de Diamacoune en tant que président
du Mfdc à même de nommer et de révoquer qui
il veut ? En outre pour certains des observateurs, la convocation
de cette rencontre est comme une façon pour l’Abbé
et son frère Bertrand de tester leur représentativité
dans le maquis comme dans l’aile civile au lendemain du limogeage
de Jean-Marie François Biagui du poste de secrétaire
général du Mfdc par le président dudit mouvement.
Est-ce à dire que Diamacoune est aussi désavoué
par les militants du Mfdc si bien qu’il n’a pu mobiliser
que cette centaine de vieillards (hommes et femmes confondus) ?
Ou est-ce alors le Mfdc qui est tout simplement débouté
par les Casamançais ? «De toute façon, Diamacoune
et Bertrand n’ont qu’à assumer leur mise en scène
en toute responsabilité car tout ce qu’ils arrêteront
n’engagera qu’eux», prévient notre interlocuteur
qui se félicite que «l’Etat ait refusé
de financer» ces travaux. Ils soutiennent qu’actuellement
le peuple casamançais est suffisamment sensibilisé
et a pris conscience de la nécessité d’aller
très vite à la paix. Et c’est fort de ce constat
que, selon certains observateurs, la jeune génération
du Mfdc a décidé de se passer de Diamacoune et de
travailler à ramener la paix au plus vite pour abréger
les souffrances des populations. Mais celle-ci devra faire avec
le jeu des frères Diamacoune qui usent de dilatoire pour
retarder l’échéance des négociations
avec le gouvernement qu’ils redoutent tant à cause
de leur incapacité à tenir leurs promesses d’apporter
l’indépendance à la Casamance. Accusations gratuites
ou vérité cartésienne ? En tout cas, Abbé
et Bertrand tiennent à leurs assises comme à la prunelle
de leurs yeux. Et contre-vents et marées, ils ont réussi
à organiser leurs assises. Lors de la cérémonie
d’ouverture, Bertrand, présentant à l’Abbé,
arrivé au stade à 18h 05 mn, la centaine de personnes
du 3e âge confinées dans la loge officielle, déclare
: «le peuple casamançais est là devant toi».
Mais se rendant très vite compte de l’insignifiance
du nombre de personnes présentées, le secrétaire
à l’animation et à l’organisation s’empresse
d’expliquer que si beaucoup sont absentes, c’est parce
qu’aujourd’hui est un jour saint pour les musulmans
comme pour les chrétiens. Il n’en exprime pas moins
sa déception de constater le boycott général
de tous les combattants en déclarant : «celui qui se
réclame de vous devait être là car ton appel
est motivé par la paix, le pardon et la réconciliation».
Et d’indiquer que «l’occasion était là
aujourd’hui pour vous et pour eux de manifester et d’exprimer
votre volonté de paix». Tout chose qui allait, selon
Bertrand Diamacoune, faciliter à l’Abbé la tâche
quand il ira rencontrer le gouvernement pour des négociations
devant conduire vers une paix définitive en Casamance. Par
ailleurs, Bertrand s’est évertué à expliquer
aux militants du Mfdc présents au stade Aline Sitoé
Diatta la garde dont fait l’objet le président du Mfdc
au niveau du Centre des œuvres catholiques qui lui sert de
domicile. «Diamacoune est libre de tout mouvement. Il peut
aller où il veut, quand il veut et comme il veut. Donc, il
n’est pas en résidence surveillée. Seulement
son statut d’autorité impose qu’il soit gardé
à l’instar de toutes les autorités du pays»,
a-t-il signifié à ses «frères»
du Mfdc. Auparavant dans la matinée du samedi, Bertrand Diamacoune
avait prévenu le peuple sénégalais et casamançais
en particulier. «Puisque, dit-il, j’ai demandé
aux combattants qui se trouvent dans le maquis de sortir sans arme,
je ne veux pas qu’ils soient inquiétés le moindre
du monde par qui que ce soit. J’ai demandé en conséquence
à ce qu’il y ait le maximum de sécurité
dans la région et principalement dans la commune car le moindre
incident sera irréparable m’ont averti les combattants»,
avise Bertrand. Intervenant à sa suite, l’Abbé
a plaidé pour des retrouvailles et un dialogue franc entre
ses «frères», afin de refaire l’unité
de leur mouvement, condition sine qua non d’un retour rapide
de la paix par lequel passera inexorablement le développement
économique et social de la Casamance. Il indique que les
saboteurs de la paix répondront de leurs actes devant Dieu,
l’histoire et les Casamançais. Pour sa part, il exhorte
ses «combattants» à la discipline. «Ne
tirez jamais les premiers. Ne réagissez qu’en cas de
légitime défense», conseille-t-il, ajoutant
que la Casamance ne voulait pas la guerre. Cette guerre, selon lui,
lui a été imposée. Pour y mettre fin, Diamacoune
a demandé comme d’habitude le retrait des soldats des
différents cantonnements militaires pour les confiner dans
les camps militaires de Ziguinchor, Bignona et Kolda, les seules
qui existaient avant 1982, date de déclenchement de la crise.
Par Aliou CISSE (Le Quotidien).
>>>>
Mosquées : un appel le matin ça va, plus bonjour les
dégâts
VIE RELIGIEUSE À DAKAR : Quand le «nodd» vire
à la «nuisance sonore». C’est
un secret de polichinelle, les appels à la prière
ne sont plus contrôlés à Dakar et dans ses quartiers
périphériques. Si à la zawiya El Hadji Malick
Sy du Plateau, on se contente de deux «nodd» le matin,
à Sacré Cœur III et II, les habitants ont droit
à quatre appels tous les matins. De nombreuses voix s’élèvent
aujourd’hui pour réclamer un rappel à l’ordre.
Mais vu le caractère sensible de la question, difficile de
vouloir imposer une décision à des centaines de mosquées
qui jouissent d’une certaine autonomie. Ahmad Kanté
imam de l’université de Dakar souligne que le régime
laïc de notre pays y est pour quelque chose. «Mais à
mon avis, les politiques peuvent saisir les organisations religieuses
pour mettre un peu d’ordre sur la véritable anarchie
que sèment certains muezzins». L’avocat Amadou
Lamine Sall qui reconnaît qu’au- delà de minuit
la loi demande qu’on diminue les sonorités, explique
le «vide juridique» dans ce domaine par le fait que
le premier Président sénégalais était
un non musulman. «Vous comprenez donc pourquoi il ne pouvait
pas légiférer pour réglementer l’appel
à la prière», argumente-t-il. Néanmoins
Ahmad Kanté pense que l’Islam doit être débarrassé
de certaines pratiques traditionnelles qui lui font mauvaise presse.
Il rappelle que depuis l’aube de l’Islam l’appel
à la prière a été réglementé.
L’Imam précise ainsi que seuls deux appels sont autorisés
par la jurisprudence islamique. Le premier pour annoncer l’heure
de la prière et le second (appelé iqaam) tout juste
avant la prière. «Malheureusement, force est de constater
que nous assistons à une véritable inflation d’appels
à la prière», se désole-t-il. Et l’imam
Kanté de se réjouir de l’organisation et de
la méthode qui règnent dans la mosquée de l’université
de Dakar avec des appels à la prière qui respectent
les enseignements du Prophète de l’Islam. Rappelant
la réglementation de toutes les pratiques cultuelles dans
la religion, Kanté affirme qu’aucun désordre
ne caractérise la mosquée de l’Ucad dans ce
domaine. Pour Oustaz Sall prédicateur vedette de Sud Fm,
ce qu’on voit aujourd’hui dans nos mosquées,
n’est que la manifestation d’un fanatisme qui a pris
le dessus sur le raisonnement logique qui, à ses yeux, n’est
pas opposable à la religion. Selon lui, les nombreux appels
vers 3 heures et 4 heures du matin sont injustifiés car «il
y a des malades, des gens fatigués qui se reposent et même
des non musulmans qu’il faut respecter dans leur foi».
Aliou Sall rappelle que du temps du Prophète et de ses compagnons,
il y avait un seul appel pour les prières de Tisbaar, Takussan,
Timis et Gué. «Seule la prière de l’aube
avait deux appels», souligne-t-il. Son point de vue est partagé
par la plupart des Sénégalais qui assimilent maintenant
les appels à la prière à une nuisance sonore.
Dans certains quartiers de Dakar, de mauvaises boutades veulent
même que ce soient les retraités qui ont passé
leur jeunesse à transgresser les règles de la religion,
qui passent pour les empêcheurs de dormir tranquillement,
en appelant à la prière dès 3 heures du matin.
L’ampleur de l’incompréhension des excès
dans ce domaine est telle que les tentatives de mettre de l’ordre
dans les mosquées passent souvent inaperçues. Pourtant
Dieu sait que dans certains lieux de culte, des règles strictes
sont observées, au grand bonheur des riverains et des fidèles.
À la «zawiya» El Hajdi Malick Sy fondée
en 1905 et située au cœur de Dakar, il n’y a aucun
désordre, selon l’Imam Mamadou Seck Diop. Ce dernier
souligne qu’un seul appel est effectué pour chaque
prière. «Nous avons trois principaux muezzins et chacun
sait l’heure à laquelle il doit appeler à la
prière», ajoute-t-il. À Touba, la grande mosquée
est même dotée d’une puissante sonorisation qui
permet aux fidèles de se rendre compte de l’imminence
de l’heure de la prière. Après trois sons de
cloche, le muezzin appelle à la prière une seule fois.
Pour la prière de l’aube, il y a un premier appel vers
5 heures du matin, suivi d’un autre au moment de la prière.
À Saint-Louis, le gouverneur Ibrahima Faye avait tenté
une réglementation des mosquées en 1974. Mais, les
populations avaient mal interprété son dessein. Néanmoins,
aujourd’hui le problème des appels «intempestifs»
est réglé dans la Grande mosquée de la vieille
ville située à Lodo, avec des appels organisés
de telle sorte que les populations ne soient pas perturbées
dans leur sommeil. Au total, l’appel à la prière
semble aujourd’hui détourné de sa vocation originelle
et dérive de plus en plus vers l’anarchie. Il est même
devenu une véritable pollution sonore selon certains. Il
appartient donc aux docteurs de la loi musulmane, à la communauté
de croyants et aux pouvoirs publics de le réglementer. Les
signes de progrès notés dans certaines zones de la
capitale sénégalaise et dans les capitales religieuses
y contribueront peut-être. Par Serigne Saliou SAMB (l'Observateur).
|